À travers l'Autorité de régulation du contrôle des marchés des substances minérales, le gouvernement congolais a interdit l’exportation de cobalt produit dans le pays pendant quatre mois pour faire face à la chute des prix. Une mesure qui ne fait pas l'unanimité parmi les économistes. C'est le cas notamment de l'élu de Kinshasa et professeur d'économie, Godé Mpoy Kadima, qui y voit une arme à double tranchant.
"Dans mon tweet du 31 janvier, j'alertais sur les risques de perte des recettes liées à cette suroffre. En suspendant nos exportations, nous laissons le champ libre à l'Indonésie", a-t-il expliqué.
Godé Mpoy pense que la RDC devrait adopter une politique de lutte contre la corruption qui lui permettrait de canaliser les recettes échappant à l'État suite à ce fléau. Pour lui, le prix du cobalt risque de stagner car certains pays commencent déjà à s'émanciper de ce minerai stratégique.
"La Chine a développé une technologie s'émancipant du cobalt dans la production des batteries électriques. La RDC doit initier la création d'un cartel des producteurs de cobalt. Le gel des exportations devrait se faire via cette cartelisation. Seule la lutte contre la fraude, la corruption et le détournement nous aidera à trouver les recettes compensatoires. Dans ce contexte de mondialisation féodale, le commerce international ne respecte que les moutons à cinq pattes", a-t-il déclaré.
Pillée dans les Kivu par le Rwanda et les rebelles du M23-AFC, plombée dans l'espace Katanga par cette chute des prix d'une des matières premières les plus en vogue, la RDC essaie tant bien que mal de sauver son précieux métal. Le pays réalise des recettes énormes avec ce minerai, devançant le cuivre, le diamant et l'or.
Bienvenu Ipan
