Le réseau panafricain de lutte contre la corruption en République démocratique du Congo (UNIS/RDC), membre de la plateforme "Le Congo n'est pas à vendre" (CNPAV), interpelle l'État congolais sur "les écarts criants" de salaire constatés dans le traitement de base des agents publics de l'État. Dans sa note d'analyse intitulée "Train de vie des institutions en RDC : le pillage systématique des revenus nationaux par les élites politiques", publiée le lundi 24 février 2025 devant la presse, le réseau UNIS révèle ce qui suit :
"À titre d'illustration parfaite des inégalités salariales dans la loi de finances initiale 2024, ces écarts de traitement de base du Premier ministre d'un mois (37 734 177 FC) pourraient couvrir le traitement de base d'un magistrat (2 752 937 FC) pendant toute l'année civile, tandis que celui du président de la République pourrait couvrir 9 mois du traitement de base d'un magistrat. Le salaire mensuel de base, c'est-à-dire hors prime, d'un secrétaire général aux actifs de la fonction publique correspond à 26 fois celui d'un député national, et 37 fois celui d'un sénateur", a-t-on lu dans la note d'analyse.
À cet effet, UNIS interpelle l'État congolais : "Afin de sortir de cette cage de captation des richesses nationales par une caste, la volonté politique d'aller au-delà des discours et slogans doit primer sur les intérêts partisans, politiques et familiaux. Il est le gage de toute stabilité et de l'adhésion populaire que ces décideurs politiques attendent des citoyens, dans une dynamique de contrat social avec les citoyens congolais. La responsabilité et la volonté du président de la République sont plus que déterminantes pour que les citoyens congolais jouissent à jamais ensemble de leurs richesses nationales, tel que promis par le héros national Patrice Lumumba. C'est même cela le 'progrès social' que tout citoyen attendrait de l'UDPS."
Cet état de choses devrait changer si la RDC tient à décoller.
Dans son argumentaire, Jimmy Kande, président du réseau panafricain de lutte contre la corruption, évoque l'article 36 de la Constitution de la RDC, qui stipule : "L'État garantit le droit au travail, la protection contre le chômage et une rémunération équitable et satisfaisante assurant au travailleur ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine."
Pourtant, déplore le président du réseau UNIS, plusieurs catégories d'agents publics de l'État reçoivent depuis plusieurs décennies un salaire de misère pendant que les politiques se remplissent les poches sur le dos des contribuables.
Le réseau panafricain souligne que, par ailleurs, le traitement de base n'est que la partie émergée de l'iceberg sur la rémunération des fonctionnaires congolais. Se référant au FMI, le réseau UNIS indique que la prime couvre plus de 75 % des revenus des fonctionnaires. Cependant, dénonce le réseau panafricain, ce ne sont pas toutes les administrations qui en bénéficient. Pour celles qui en offrent, les inégalités sont criantes entre les institutions politiques et l'administration publique. La ruée sur les primes multiples est souvent envisagée par les administrations publiques dans une tendance à rattraper les institutions politiques, mais souvent en vain. Pour cette structure membre du CNPAV, "cet état de choses devrait changer si la RDC tient à décoller. La politique devrait cesser de demeurer un moyen d'enrichissement de l'élite et devenir une véritable vocation où les politiques se mettraient réellement au service du peuple."
Contre l'argument souvent répandu que le nivellement des revenus des dirigeants politiques par le bas ne résoudrait pas pour autant les problèmes de tous les citoyens, ce rapport de UNIS/RDC "démontre qu'une telle mesure aurait d'abord l'avantage de réduire les inégalités au sein de la société. Ensuite, c'est une opportunité d'affecter les économies dégagées aux projets de développement qui sont prioritaires et qui profitent directement ou indirectement au reste de la population, comme le développement des infrastructures routières."
Bienvenu Ipan