Genève : la RDC dénonce le refus de la Somalie, de l'Algérie et de la Sierra Leone, trois pays africains du Conseil de sécurité, de condamner le soutien du Rwanda aux M23

Une réunion de conseil de sécurité. Photo d'illustration
Une réunion de conseil de sécurité. Photo d'illustration
PAR Deskeco - 21 fév 2025 10:36, Dans Actualités

Le Conseil de sécurité des Nations Unies a tenu, ce mercredi 19 février 2025, sa 9 863e session à Genève, qui a essentiellement porté sur la crise de l’insécurité qui s’exacerbe au Nord et au Sud-Kivu, deux provinces situées au Nord-Est de la République démocratique du Congo, suite aux avancées significatives des rebelles du M23.

Au cours de cette session, alors que les États membres du Conseil de sécurité des Nations Unies condamnaient tous, dans leurs discours, l’agression du Rwanda contre la RDC à travers son soutien aux M23, seuls trois pays africains au Conseil de sécurité ne l'ont pas fait. L'Algérie, la Somalie et la Sierra Leone ont intentionnellement refusé d’apporter leur soutien à la RDC en condamnant le soutien du Rwanda à la rébellion du M23, prouvé par les experts des Nations Unies, qui est à l’origine de la mort de plusieurs civils congolais dans la région.

Dans son intervention, la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, qui a représenté la RDC, n’y est pas passée sous silence ; elle a dénoncé ce refus.

« Monsieur le Président, trois réunions en moins d’un mois ? Aujourd’hui, vous avez tous condamné le Rwanda dans vos discours. Je m’excuse auprès de tous, sauf des A3, à savoir l’Algérie, la Somalie et la Sierra Leone,... », peut-on entendre.

Ces trois pays africains, membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, s'alignent sans doute derrière la position de l'Union africaine, qui ne veut pas se prononcer clairement en défaveur du Rwanda, malgré son soutien aux M23. Paul Kagame, le président rwandais, s'est toujours opposé à toute initiative de cette instance africaine visant au rétablissement de la sécurité dans la région de l'Est de la RDC.

En mars 2024, il s'était opposé catégoriquement à l'endossement et au soutien potentiel de l'Union africaine (UA) et d'autres partenaires stratégiques à la mission de la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC) en RDC, connue sous le nom de SAMIDRC.

Du côté congolais, le silence des pays africains, réunis dans l'UA, pour condamner le soutien du Rwanda aux M23 est vu comme une complicité et une naïveté.

La première ministre congolaise, Judith Suminwa, a rappelé, vendredi 15 février dernier, lors du sommet de la paix et de la sécurité de l'Union africaine, que l'Union africaine doit agir pour le fait que le Rwanda, à travers son soutien aux M23, est en train de violer les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies et de l’Acte constitutif de l’UA, en menant cette guerre contre la RDC à travers le M23. « Ce groupe continue d’opérer avec le soutien d’un État membre, en toute impunité », avait-elle martelé.

Bien que les voix s'élèvent, l'Union africaine demeure tout de même silencieuse. Human Rights Watch a, en marge de ce même sommet, exhorté l'Union africaine à agir « avec des mesures décisives » pour retrouver la paix dans l'Est de la RDC.

« La réunion du Conseil de paix et de sécurité est une occasion cruciale pour les dirigeants africains de faire preuve de volonté politique et de leadership en faveur de la population civile du Congo, victime d'abus commis par toutes les parties belligerantes. Des mesures décisives sont nécessaires dès maintenant », avait plaidé HWR un jour avant la tenue du sommet.

Jean-Baptiste Leni

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