Face à l'occupation de la ville de Goma, dans la province du Nord-Kivu, par l'armée rwandaise et ses alliés M23, qui poursuivent leurs attaques vers le Sud-Kivu, plusieurs personnalités de la scène politique internationale ne cessent de se prononcer contre l'exploitation illicite des minerais congolais par le Rwanda.
Lors d'une interview accordée à un média allemand en début de cette semaine, Martin Kobler, ex-chef de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) de 2013 à 2015, pense que l'une des solutions pour mettre fin à la guerre dans la partie Est de la République démocratique du Congo est de s'attaquer à l'exportation illégale du coltan vers le Rwanda, qui est devenu le plus grand exportateur d'une matière première qu'il ne possède, et c'est au détriment du Congo qui détient la réserve mondiale de coltan.
« On doit s’attaquer à l’exportation illégale du coltan vers le Rwanda. Le Rwanda est actuellement le premier exportateur de coltan au monde parce qu’il mélange sa production, qui est faible, à celle pillée au Congo. Si seulement 30 % de son exportation provient de ses mines, on lui permet d’exporter "made in Rwanda". Ça doit cesser. Le Congo a presque 80 % des réserves mondiales de coltan », a déclaré Martin Kobler.
Cet ancien numéro un de la MONUSCO en RDC, qui avait participé à la victoire des FARDC face au M23 en 2013, estime en outre que l'Allemagne ne peut à elle seule résoudre ce conflit armé. Il appelle à des actions communes de quelques pays occidentaux contre le Rwanda.
« Ce problème ne sera pas résolu si seule l'Allemagne prend des mesures, tandis que la France, la Belgique ou le Royaume-Uni continuent de soutenir Kigali. Il faut une approche commune pour faire pression sur le Rwanda et stopper cette exploitation illégale », a-t-il recommandé.
S'agissant de l'exploitation illégale des minerais congolais, un rapport d'experts des Nations Unies publié le 8 janvier 2025 a révélé qu'au moins 150 tonnes de coltan ont été frauduleusement exportées vers le Rwanda depuis les mines de Rubaya, où le M23 a établi une administration parallèle. Ce même rapport affirme que ces minerais étaient mélangés à la production rwandaise, entraînant une contamination majeure des chaînes d'approvisionnement des minéraux dits "3T" (étain, tantale et tungstène) dans la région des Grands Lacs.
César Olombo