À Kinshasa, les jeux de hasard sont devenus un moyen de subsistance pour de nombreuses familles, leur permettant de se nourrir, de se vêtir et même de payer leur loyer. Ce phénomène, initialement perçu comme une activité masculine, attire désormais un public mixte, avec des femmes et des hommes également impliqués. Interrogés par la rédaction de Deskeco, les parieurs partagent leur motivation à participer à ces jeux.
Un père de famille a confié : « Les activités que je fais quotidiennement ne suffisent pas à résoudre tous les problèmes de mon foyer. J'ai donc décidé de me lancer dans ce jeu que je critiquais auparavant, mais dont je suis maintenant accro. Grâce aux jeux de hasard, j'ai pu acheter des vêtements pour mes enfants pour les fêtes de fin d'année. » Il a également averti ceux qui envisagent de s'engager dans cette voie : « Une fois dedans, c'est difficile de sortir. »
Isidor, un autre parieur, explique que son engagement dans les jeux de hasard découle d'un manque d'alternatives.
« Le pari sportif est une opportunité que la société a mise à la disposition des pauvres comme nous. Ce jeu nous redonne le sourire, même si certains jours, la chance n'est pas au rendez-vous. Personnellement, avant de jouer, je prie. », a-t-il fait savoir.
Les femmes, elles aussi, sont de plus en plus présentes dans ce milieu. Beaucoup d'entre elles déclarent participer pour gagner de l'argent pour les fêtes. « Faute de moyens, nous avons décidé de nous joindre aux hommes dans leur aventure de pari sportif », confie l'une d'elles.
Un agent de pari sportif a expliqué le fonctionnement des jeux : « Il existe deux types de jeux : le pari sportif, qui consiste à parier sur des matchs de football, et le loto, où il faut choisir des chiffres dans l'espoir de les voir correspondre à ceux tirés. Il est important de bien réfléchir avant de faire son choix. » Malgré l'interdiction des jeux pour les mineurs, plusieurs enfants de moins de 18 ans sont souvent présents sur les lieux de pari.
Quid des réformes dans le secteur des jeux de hasard ?
Depuis 2021, le gouvernement de la RDC a initié des réformes pour réglementer ce secteur. Un arrêté ministériel signé le 14 décembre 2021, référencé n°037/CABMIN.FINANCES/2021/020, a établi les modalités d'agrément et d'enregistrement pour l'exploitation des jeux d'argent. Cependant, en 2023, malgré des promesses de réformes, aucune avancée significative n'a été constatée.
Le ministère des Finances a récemment effectué une analyse qui a révélé l'absence d'un cadre réglementaire clair, la prolifération de sociétés de jeux illégales, et un manque de contrôle sur le secteur, avec des risques de favoriser le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Le 16 mai 2024, le ministre des Finances a souligné que les réformes visent à maximiser les recettes et à sortir la RDC de la liste noire du GAFI (Groupe d'action financière), une structure de lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment des capitaux, ce qui limite l'accès du pays à l'aide internationale.
Divine Mbala
