La Coalition le Congo n’est pas à vendre (CNPAV) s’inquiète de la manière dont le processus d’appel d’offre sur les blocs pétroliers et gaziers est conduit. Plutôt qu’aux recettes tant rêvées, le CNPAV craint que le processus en cours mène à un endettement supplémentaire.
À la faveur d’une conférence de presse organisée le mercredi 8 mai 2024 à l’hôtel Memling, dans la commune de la Gombe, les membres de cette plateforme de la Société civile dont M.M. Jimmy Munguriek Ufoy et Jean-Claude Mputu rappellent le gouvernement de la RDC à « repenser ce processus en toute transparence et objectivité, et à éviter les discours tendant à exagérer les retombées attendues de ce secteur, générant des attentes injustifiées au sein de la population congolaise d’un essor futur pour le moins incertain ».
Dans ses analyses, le CNPAV relève « l’approbation lacunaire de ce processus d’appel d’offres par le Conseil des ministres ; le risque conflits avec les anciens détenteurs ; les informations insuffisantes sur le potentiel géologique ; les critères de sélection non respectés ; les principes de transparence bafoués ».
Pour ces raisons, le CNPAV appelle le gouvernement congolais à quelques mesures urgentes suivantes : publier tous les comptes rendus des Conseils des ministres qui portent sur l’appel d’offres afin de garantir que la procédure a bien été suivie ; retirer de la procédure d’appel d’offres tout bloc qui n’a pas été dûment désigné par le Conseil des ministres ; clarifier la situation juridique des blocs inclus dans l’appel d’offres et ne pas attribuer de blocs dont la propriété pourrait être disputée par d’éventuels investisseurs antérieurs ou pour lequel l’investisseur solliciterait des garanties étatiques de rentabilité, pratique extrêmement risqué »e çà l’ère de la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique ; s’assurer du respect des principes interdisant l’exploitation des hydrocarbures dans les aires protégées et les zones écologiquement sensibles ; respecter scrupuleusement et en toute transparence les critères légaux et réglementaires de sélections ; ne pas approuver par ordonnance des contrats signés en violation des lois et règlements de la RDC en matière de sélection des sociétés pétrolières et gazières ; réaliser des études plus approfondies en vue de déterminer le véritable potentiel géologique du secteur des hydrocarbures avant de décider si cette filière peut réellement mener à des recettes significatives pour l’Etat congolais ; publier l’ensemble des documents relatifs au processus d’appel d’offres en particulier et plus généralement, de tenir à jour le portail du cadastre pétrolier en vue de faciliter l’accès aux informations sur les blocs pétroliers et gaziers du pays.
Le CNPAV rappelle qu’en effet, l’histoire récente du secteur des hydrocarbures en RDC a montré comment l’opacité et le non-respect de la procédure d’attribution des blocs pétroliers ont fait perdre à l’Etat congolais environ 910 millions USD qui ne seront jamais récupérés. Selon ce consortium, « pour avoir mal négocié et octroyé plusieurs blocs, l’Etat congolais a été condamné à payer 617 millions USD à Dig Oil et 240 millions d’euros à la société Caprikat et Foxwhelp de Dan Gertler. Ces sommes colossales n’ont pas permis de mettre en évidence la moindre réserve économiquement exploitable, et encore moins d’explorer un premier baril de pétrole ». Toutes ces preuves font dire au CNPAV que le « processus d’appel d’offres lancé en juillet 2022 est entaché de faiblesses similaires à celles qui ont mené à ces pertes exorbitantes ».
Bienvenu Ipan