La résurgence du Mouvement du 23 mars (M23) en novembre 2021 a fortement altéré les relations entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda. Soutenu par Kigali, ce mouvement a conquis des portions étendues des territoires de Rutshuru, de Masisi et de Nyiragongo, érigeant des administrations parallèles illégales. Il perçoit des taxes, des droits de douane et procède à des arrestations arbitraires ainsi qu'à des exécutions extrajudiciaires, comme l'a rapporté Antonio Gutteres début août dans un document adressé au Conseil de Sécurité.
Les tensions entre Kinshasa et Kigali ont atteint un nouveau sommet après que le M23 a occupé Bunangana en juin 2022, un point commercial clé situé à la frontière avec l'Ouganda.
Selon le Groupe d’experts des Nations Unies sur la RDC, dans son rapport analysé en décembre 2022 par le Conseil de Sécurité, les taxes imposées par le M23 aux postes frontières de Bunagana et de Kitagoma servent au financement de ses opérations militaires.
Les experts onusiens précisent que « si l’on considère par exemple qu’environ 500 piétons transportant des marchandises traversaient quotidiennement la frontière à la mi-octobre 2022 et payaient chacun environ 7 000 shillings ougandais (1,80 dollars), le M23 a récolté en moyenne 27 000 dollars par mois au seul poste-frontière de Bunagana ».
Au-delà de Bunagana, selon DESKECO.COM, l’administration mise en place par le M23 continue de fonctionner dans des zones supposées avoir été évacuées par la rébellion, à savoir les territoires de Rutshuru, Nyiragongo et Masisi (Nord-Kivu). Cet élément corrobore les témoignages recueillis sur le terrain, suggérant que les rebelles du M23 n'ont pas quitté les zones conquises.
Sur le plan sécuritaire, la situation ne montre pas d'amélioration. Dans le rapport au Conseil de Sécurité, le secrétaire général de l’ONU se montre moins optimiste. Il souligne l'intensification des contacts entre le M23 et le groupe Twigwaneho à Minembwe, augmentant le risque d'une reprise des hostilités au Nord-Kivu et l'ouverture d'un deuxième front au Sud-Kivu. Cette situation pourrait encourager la mobilisation de groupes armés locaux jusqu'alors inactifs, face à une situation perçue comme une agression étrangère.
Magalie Kabale