Officiellement inaugurée le jeudi 14 avril 2022 par le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, la nouvelle et première usine de recyclage de bouteilles en plastiques PET en République démocratique du Congo, « Kintoko » de la société OK Plast, a l’ambition de recycler les bouteilles en plastique afin de fabriquer des granulés PET, matières premières pour la fabrication des produits plastiques. L’objectif est de réduire en RDC la dépendance en importation de ces matières premières, de 20% la première année, 30% la deuxième... jusqu'à absorber toute l'offre, et satisfaire demande intérieure en granulés PET. À savoir que cette usine a déjà coûté plus de 15 millions d’euros.
C’est ce qui ressort de la visite guidée effectuée par les journalistes à cette usine Kintoko de la société OK Plast située sur la Route des Poids-lourds justement là où était l’ex société de bois Socobelam. Dans ses explications, le délégué général du Groupe Angel, M. Jérôme Sekana Pene-Papa, a indiqué que le projet Kintoko est né de la vision du gouverneur de la province-ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka, à travers sa politique dénommée « Kinshasa-Bopeto ».
« Et comme nous évoluons déjà dans les plastiques, nous avons saisi la balle au bond. Et nous avons décidé d’investir dans le recyclage des bouteilles plastiques. C’est ainsi que nous avons d’abord commencé par signer une convention avec l’Hôtel de ville de Kinshasa, étant donné que cette tâche ne revient pas aux privés, mais plutôt aux services publics, pour collecter, traiter, amasser et surtout recycler les produits plastiques. Et on ne peut pas installer une usine comme Kintoko si vous n’avez pas encore stocké une grande quantité de bouteilles en plastique compactées. Et nous avons réussi, à ce jour, à amasser à cet endroit, il y a deux dépôts, plus ou moins 5.000 tonnes de bouteilles en plastiques compactées dans des ballots. C’est le résultat d’une année », a-t-il confié à la presse.
Et de poursuivre : « Le gouverneur de la province-ville de Kinshasa nous a donnés plus ou moins 100 espaces, nous avons déjà occupé 33 espaces où nous avons installés nos containers. Ce sont des points de collecte où la population qui ramasse des bouteilles vient vendre, 100 FC le kilo. Tellement qu’il y en a beaucoup, les gens viennent vendre et nous achetons. De là, nous amenons ces bouteilles plastiques dans ce qu’on appelle des centres de compactage. Le plus grand se trouve ici à l’usine. Nous venons de construire un autre à côté de la Place Echangeur/Limete. Là on trie les bouteilles par couleur, on nettoie et on compacte pour amener à l’usine afin qu’elles soient traitées ».
Il a aussi précisé que l’usine Kintoko n’est pas une autre société, comme les gens le pensent. Mais c’est une unité de la société OK Plast. Comme OK Plast évolue dans les plastiques, a-t-il dit, la société a voulu investir dans les plastiques pour essayer de satisfaire la demande. Le marché est très important.
Mais de quel marché s’agit-il ? Jérôme Sekana explique : « Pour que nous ayons les bouteilles, il y a des matières qu’on doit traiter. Lesquelles viennent des bouteilles plastiques que nous jetons. Ça s’appellent des granulées PET (Polyéthylène téréphtalate) ».
En RDC, a-t-il ajouté, ces granulés PET sont importés (principalement de la Chine et d’autres pays), plus ou moins 20.000 tonnes par mois pour l’ensemble de tous ceux qui opèrent dans le secteur. Et ils vont être transformés en préformes qui ensuite donnent des bouteilles plastiques et autres récipients en plastique. « C’est beaucoup d’argent, des milliers de dollars américains qui sont dépensés chaque mois pour que nous puissions nous en procurer. Alors qu’il y a moyen de recycler les bouteilles sur place, fabriquer ces granulés PET et avoir le même produit », a-t-il déclaré.
Jérôme Sekana a en outre souligné que l'ambition de la société OK Plast avec son unité Kintoko et son usine est de réduire cette dépendance à 20% la première année, 30% la deuxième... jusqu'à absorber toute l'offre, et satisfaire demande intérieure en granulés PET. « De tous les opérateurs du secteur, personne n’a pensé à investir dans ces matières premières comme OK Plast. L’usine a coûté plus de 15 millions d’euros. Pourquoi faire un investissement si important ? C’est pour faire en sorte que nous puissions ramasser les bouteilles, les traiter dans cette usine, et fabriquer des matières premières qui sont des granulés PET. Et que nous arrivions à consommer nous-même ces matières pour la fabrication de nos produits et si possible, vendre aussi aux autres qui sont dans le besoin », a-t-il indiqué.
Qui consomment ces granulés PET ? M. Sekana renseigne que « Ces matières premières viennent sous-formes des graines et elles sont traitées dans des machines qui donnent ce qu’on appelle les préformes. Celles-ci sont vendues par ceux qui ont des unités de transformation aux embouteilleurs.
À Kinshasa, il y a plus ou moins trois grands transformateurs des granulés PET en préformes. Et une dizaine d’embouteilleurs, qui sont des sociétés qui achètent les préformes pour donner les formes qu’elles veulent aux différents récipients en plastique selon leurs dimensions (flacons, bouteilles, etc.). Donc, on ne peut pas souffler les bouteilles sans avoir les préformes. Et on ne peut pas avoir les préformes sans avoir les granulés PET. Et on ne peut pas avoir les granulés PET si on n’importe pas de l’extérieur ».
Pour lui, cette première usine Kintoko de Ok Plast n’a pas la prétention de satisfaire à toute la demande intérieure en granulés PET en RDC. « Kinshasa a besoin de cinq usines pareilles pour arriver à satisfaire cette demande en granulés PET. Par contre, nous pouvons produire et avancer crescendo : 20 ou 30 % la première année, puis 50%, et ainsi de suite. L’objectif étant de diminuer l’offre à l’importation et satisfaire la demande intérieure. C’est-à-dire, amener tous ceux qui importent les granulés PET à ne plus acheter à l’extérieur, mais sur place au pays et de très bonne qualité. Et c’est ça qu’on appelle l’économie circulaire », a dit le délégué général du Groupe Angel, M. Jérôme Sekana.
Il renchérit par ailleurs qu’en tant que pays solution en ce qui concerne les enjeux environnementaux, la RDC devrait prêcher par l’exemple. Et le plus bel exemple que la République démocratique du Congo vient d’envoyer au monde c’est cette usine Kintoko, a-t-il déclaré.
Quid du double partenariat Ok Plast – l’État congolais
Jérôme Sekana affirme que le Gouvernement a déjà accordé son accompagnement pour que Ok Plast et son unité Kintoko puissent avoir les moyens, non seulement de construire d’autres usines, mais aussi de se déployer sur l’ensemble du territoire national. Cependant, ce n’est pas un Partenariat public-privé (PPP) classique, genre B.O.T, a-t-il fait remarquer. Puisque, le groupe Angel a investi la totalité du montant.
Toutefois, c’est un double partenariat conclu avec l’État congolais. D’abord une convention de délégation de service public signée mercredi 9 février avec l’Hôtel de ville de Kinshasa, puisque le projet est né de l’opération Kinshasa-Bopeto. Puis, il y a eu la signature, le mercredi 09 mars 2022, d’une convention de partenariat avec le Ministère de l’Environnement et du Développement durable.
« Nous utilisons des espaces libres de l’État, et pour les avoir, c’est l’État qui a cédé. Nous travaillons avec la population et nous contribuons à l’éducation des masses pour cultiver une autre façon de voir les choses. Par exemple, comment séparer les ordures. Sur l’ensemble d’argent que nous dépensons pour acheter les bouteilles plastiques usées, l’État congolais a droit à 1%. En contrepartie, la ville de Kinshasa par exemple, sécurise nos installations, nous donne les espaces sur les emprises publiques où nous devons construire. Nous citons par exemple, au niveau de la sortie de Kinkole dans la commune de la N’Sele, nous sommes en train de construire un centre de compactage. C’est avec l’autorisation du gouverneur. Au niveau de l’Échangeur de Limete côté Matete, en allant vers l’aéroport, à droite, nous avons un autre centre de compactage. Là aussi, c’est le gouverneur qui nous a donnés. Partout où vous voyez nos containers, c’est le gouverneur qui autorise. Donc, nous sommes impliqués dans ce partenariat avec la ville de Kinshasa, d’où le nom de Kintoko », a-t-il démontré.
Et d’ajouter : « Lorsque le gouverneur a lancé sa vision de Kinshasa-Bopeto, nous avons décidé d’être partie prenante, d’être le fer de lance de cette politique. C’est ainsi que nous avons d’abord lancé la campagne Kintoko, qui est tout simplement le diminutif de Kinshasa Kitoko (Kinshasa la belle). C’était pour dire à la population de pouvoir s’impliquer à la vision du gouverneur de Kinshasa Bopeto, de pouvoir ramasser les bouteilles en plastique qu’on jette et aller les vendre dans les points que nous avons installés ».
Kintoko compte arrêter le cycle de pollution plastique dans la capitale
Aujourd’hui, nous ramassons 25 tonnes de bouteilles plastiques par jour. Cette usine a la capacité de recycler 50 tonnes par jour. « Mais, nous sommes au début, on est en train de monter en puissance. Et si nous arrivons à déployer nos containers dans les 100 espaces que le gouverneur nous a promis à travers la ville de Kinshasa, nous n’allons plus ramasser 25 tonnes, mais ça sera 50 tonnes par jour. Lorsque nous aurons à ramasser, à collecter et à traiter ces 50 tonnes par jour, là maintenant nous pourrons prétendre arrêter le cycle de pollution », a affirmé M. Sekana.
Avec cette unique usine dans le pays, Ok Plast n’a pas la prétention pour le moment de satisfaire le marché, toute la demande. Mais, elle compte monter en puissance et faire en sorte que la totalité de l’offre en granulés PET soit produite en RDC. Parce que la matière première est abondante avec l’abondance qu’il y a des bouteilles en plastique usées.
Et le Gouvernement s’est investi pour accompagner Ok Plast dans son projet Kintoko afin que cette société puisse avoir les moyens de construire d’autres usines et empêcher que les devises qui partent pour aller acheter les granulés PET en Chine ne puissent plus sortir du pays, mais soient investis ici au pays pour créer de l’emploi.
« Ce n’est pas avec une seule usine que nous allons prétendre ramasser toutes les bouteilles qui sont jetées par les 17 millions de Kinois. Nous devons augmenter notre capacité actuelle et atteindre la capacité maximale de 50 tonnes de bouteilles plastiques ramassées par jour et les traiter dans cette usine. Ainsi, avec l’accompagnement du Gouvernement de la République, nous allons devoir construire une deuxième usine, peut-être dans une année », a-t-il rassuré.
Cette usine Kintoko ne traite que des bouteilles en plastique. « Nous ne traitons pas des ordures ménagères, ou les matières organiques comme d’aucuns l’on dit », a insisté Jérôme Sekana.
Il a aussi informé que cette usine Kintoko est la deuxième en Afrique après celle du Nigeria. « Et nous avons l’intention d’investir dans d’autres usines comme ça, le plus rapidement possible. Nous allons même investir dans l’usine de traitement des sachets, des bidons, des canettes, etc. C’est un investissement planifié. Nous avons investi aussi sur la qualité », a-t-il annoncé.
Signalons que les professionnels des médias ont visité tour à tour les dépôts où sont stockés des matières premières, les ballots des bouteilles plastiques triés, mais aussi les centres de tri et de compactage de l’usine Kintoko. Et tout le monde a remarqué que c’était une usine environnementale par excellence, qui ne pollue pas. Puisqu’il y a même le traitement des eaux usées.
À l’issue de cette visite guidée, Jérôme Sekana a par ailleurs exprimé ses vifs remerciements au Président de la République Félix Tshisekedi, chef de l’État, au Premier ministre Sama Lukonde, chef du Gouvernement, à Mme le vice-premier ministre, ministre de l’Environnement et Développement durable, Eve Bazaïba (la marraine du projet Kintoko), au gouverneur de la province-ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila.
Une idée du Groupe Angel
Auparavant, Jérôme Sekana a expliqué que le Groupe Angel respecte ce qu’on appelle la Responsabilité sociétale. Et à part Angel Cosmetics qui fabrique plus de 400 produits, il y a aussi l’industrie PALMECO, qui est la plus grande raffinerie du pays.
« En RDC pour le moment, les raffineries qui se trouvent à Kinshasa traitent plus ou moins 150.000 tonnes d’huile par an. Et PALMECO à elle seule, traite 50% de cette quantité. Et là nous fabriquons des savons. Il y a aussi une industrie alimentaire qui fabrique des pates tartinées d’arachides, et autres », a-t-il dit.
À côté de PALMECO, il y a la société OK Plast, qui existe depuis bientôt sept ans. OK Plast produit tout ce qu’il y a comme matières plastiques : chaises, tonneaux, PVC de toutes les dimensions, tuyaux de canalisation d’eau qui peuvent même être fournis à la Regideso, etc. Kintoko est né de Ok Plast. Puisque c’est dans la même filière.
Une autre industrie qui fait partie du groupe Angel c’est Food Life. C’est une nouvelle usine qui sera inaugurée peut-être dans trois mois, a annoncé M. Sekana, et qui s’occupe de donner de la valeur ajoutée aux produits agricoles congolais.
« Nous voulons que nous puissions exporter à partir de Kinshasa, des produits agricoles « made in Drc » industrialisés qui peuvent résister pendant très longtemps. Nous avons déjà commencé à faire des essaies avec nos machines. Nous fabriquons déjà la mayonnaise, le ketchup, etc. D’autres produits seront fabriqués très prochainement », a-t-il souligné.
Lepetit Baende