La corruption est l'une des principales sources de faible mobilisation des recettes au niveau interne en RDC. C'est ce qu'affirme Jean-Claude Mputu, porte-parole de la campagne "Congo n'est pas à vendre" (CNPAV) sur base des échanges tenus au premier jour de l'atelier d'échanges multi-acteurs sur la lutte contre la corruption en RDC qui a eu lieu à Kinshasa du 15 au 16 mars.
Jean-Claude Mputu, relève que 3 éléments majeurs ont été dégagé de leurs échanges comme le canal principal par lequel passe le détournement des finances publiques en RDC. Il cite premièrement le non-respect des règles de passation des marchés publics.
"Nous avons eu au cours de cet atelier des échanges importants qui ont révélé 3 principales choses : Premièrement, nous avons retenu que le non-respect des règles de passation des marchés publics est devenu le lieu par excellence qui favorise le détournement de l'argent public et la corruption. Parce que la plupart des contrats de gré à gré sont incontrôlables. Il y a par exemple les projets 100 jours et Tshilejelu qui ont usé de passation des marchés de gré à gré", explique Jean-Claude Mputu.
En deuxième lieu, le porte-parole du CNPAV cite le dépassement budgétaire et la faiblesse du contrôle comme des faiblesses par lesquels passe le détournement des deniers publics.
"Deuxième élément, c'est la question du dépassement budgétaire et de l'incapacité du contrôle à posteriori ou en amont pour éviter le détournement et la corruption. Il y a très peu des normes de contrôle. Les services étatiques chargés de contrôle sont peu outillés et manquent des moyens. Ils sont donc exposés à la forte corruption qui est devenue la règle en RDC. Il y a également la question du népotisme au sein de l'administration publique qui favorise l'absence d'un contrôle efficace", note-t-il.
En outre, en troisième lieu, il cite le manque de transparence qui caractérise la gestion de la chose publique en RDC.
"Troisième chose, il y a la question du manque de transparence dans la gestion de la chose publique. En partant de la chaîne nationale de l'industrie minière, les contrats sont conclus dans les conditions opaques. Et tous ces contrats ne sont pas rendus publics, ce qui favorise la corruption. Ces contrats mal gérés affaiblis la qualité de l'assiette pour la redevance fiscale. Toute la chaîne minière de l'industrie minière extractive est gangrenée par la corruption", poursuit.
Ce manque de transparence décrié a été récemment justifié dans l'accord à l'amiable signé entre la RDC et l'homme d'affaires Israélien Dan Gertler, qui selon le gouvernement, porte des clauses de confidentialité qui empêchent sa publication.
"Nous trouvons inadmissibles qu'il y ait des clauses de confidentialité dans des accords qui concernent l'Etat. La population en tant que mandataire est censé connaître la vérité. Les mandataires publics sont redevables des citoyens. Et donc par conséquent, doivent agir dans l'intérêt des citoyens", tance Jean-Claude Mputu.
Pour ce dernier, la corruption a encore des beaux jours en RDC. Il n'existe pas une grande volonté politique pour lutter contre cette pandémie sociale et politique. Il en appelle à une mobilisation nationale citoyenne pour obliger les mandataires à respecter la règle et à mettre fin à la corruption en RDC.
Notons que l’Observatoire d’Etudes et d’Appui à la Responsabilité Sociale et Environnementale, (OEARSE) de Lubumbashi, la coalition le Congo n’est pas à vendre (CNPAV) et Resource Matters (RM, Belgique), avec l’accompagnement technique et financier du projet « Développement économique Intégré du Secteur Minier (DISM) » de la Coopération Allemande (mise en œuvre par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit, GIZ) ont organisé cet Atelier d’échanges multi acteurs sur la lutte contre la corruption, qui a connu la participation des acteurs de la Société civile, des mouvements citoyens, des Médias, des parlementaires, des organisations internationales ainsi que la présence des experts de la Cour des comptes, de l’ODEP et des organisations citoyennes.
Jordan MAYENIKINI