Le directeur général de l’Agence congolaise des grands travaux (ACGT), Charles Médard Ilunga Muamba, s’est entretenu avec des professionnels des médias membres du Réseau des journalistes économiques et financiers (REJEF) de la RDC ce mardi 5 novembre à Kimpinsky Fleuve Congo By Blazon à Kinshasa.
Au cours de cet entretien, le patron de ce service public assurant le rôle de maitre d’ouvrage délégué pour l’Etat congolais dans les différents travaux d’infrastructures, a fait le point des réalisations de son institution depuis sa création en 2008. « Statutairement, le concept qui a généré l’ACGT c’est le financement chinois. En effet, l’ACGT a été créée pour superviser les projets apportés par les Chinois. Aujourd’hui, les Chinois ont encore beaucoup plus d’ambition dans notre pays. Il y a eu d’abord la convention signée en 2008 qui a pu nous apporter 1,053 milliard USD. Ce financement continue à se mettre en œuvre jusqu’aujourd’hui avec des ouvrages importants. Aujourd’hui, les Chinois constituent une grande opportunité pour le pays. Certes il y a d’autres partenaires. Nous sommes une agence des grands travaux, une agence qui respecte les lois du pays. Ces lois nous imposent par exemple de lancer des appels d’offre, de recruter par des procédures légales. Notre souci c’est d’être une référence. Par la suite, il y a aussi d’autres projets qui sont financés par le gouvernement congolais ».
Dans l’ensemble, l’ACGT a pilotés 62 projets d’infrastructures d’une valeur totale de 2,3 milliards depuis sa création en 2008. « Ces projets sont visibles. La priorité a été d’offrir à Kinshasa une voirie structurante. Du constat qui avait été fait en 2007 est qu’il n’y avait pas de routes capables d’absorber la fluidité du parc automobile de la capitale... Nous avons reconstruit le boulevard du 30 juin en lui donnant plus de capacité. De même, nous avons reconstruit le boulevard Lumumba, le boulevard Triomphal, l’avenue de la Radio, l’avenue du Tourisme, Lutendele, etc. Nous avons construit des nouveaux ponts à Kinshasa qui durent plus de 100 ans. Sur le boulevard Lumumba, nous avons construit plus de 6 ponts », a dit le DG de l’ACGT décrivant quelques réalisations dans la capitale.
Quant à l’intérieur des provinces, M. Charles Médard Ilunga a noté qu’il existe aussi plusieurs projets déjà réalisés pendant que d’autres sont en cours. « Nous avons plusieurs projets à l’intérieur du pays. Nous avons des projets de 4 stades, d’une usine des préfabriqués. Nous avons assuré la connexion de plusieurs centres de production et de ville de consommation. Pour aller de Lwambo à Manono dans le Katanga, les gens pouvaient faire plus d’un mois. Aujourd’hui, on peut faire ce trajet en le même jour. Il y a autant des routes comme ça. Nous avons fait la traversée d’Idiofa. Aujourd’hui, nous sommes en train de faire des études pour moderniser le tracer Ilebo-Idiofa-Kiwit. Nous avons fait des études pour aller de Kasomenua à Kasenga, les travaux sont même déjà en cours. Il y a plusieurs projets visibles. Quand vous demandez l’évaluation de ces 1,053 milliards USD, sachez que les travaux continuent. Nous sommes aujourd’hui autour de 800 millions USD. L’ACGT a déjà publié plusieurs informations sur toutes ses réalisations. Tous ce que je vous dis c’est des informations documentées qui se trouvent sur notre site internet ».
Il a surtout centré son intervention sur l’expérience des concessions créées notamment sur la Route nationale numéro 1 (RN1) avec une société privée pour la gestion et l’entretien des routes. Ici, le DG de l’ACDGT a noté sa satisfaction de cette expérience de partenariat public-privé. « Le partenariat public-privé est une expérience que tous les pays du monde essaient de mettre en œuvre pour pouvoir répondre au besoin des infrastructures. L’avantage qu’il y a à travailler avec les privés c’est de pouvoir bénéficier de leur savoir faire. Surtout le risque que les privés peuvent assumer. Là, nous avons un bel exemple sur la RN1 sur le tronçon Kinshasa-Matadi. Une concession avait été signée entre le ministère en charge des ITPR et la société SOPECO SGR. La même structure SOPECO a signé aussi un contrat sur la RN1 sur le tronçon Lubumbashi-Kasumbalesa et puis Lubumbashi-Likasi à Kolwezi ».
De son avis, c’est avec l’argent de péage que plusieurs routes sont faites notamment à Kinshasa et dans le Kongo Central. « L’expérience permet de montrer que de Matadi à Kinshasa et aujourd’hui avec l’extension de Matadi à Boma et de Boma à Muanda, la prise en charge est parfaite. L’Etat a des difficultés aussi bien à la construction qu’à l’entretien des infrastructures. Le FONER qui avait été créé est très limité dans la mobilisation des recettes pour faire face aux entretiens. Grâce à ces concessions, nous avons la chance aujourd’hui de pouvoir rêver d’assurer un entretien total au risque des concessionnaires. Je peux vous dire que pour le tronçon Kinshasa-Matadi, nos recettes ne font que croitre en recettes. De 2010 à 2018, nous avons multiplié les recettes par trois. Ça veut dire qu’il y a eu une gouvernance, un savoir faire qui s’est imposé. Je vous informe que grâce à ce péage, nous avons construit la route de By pass à Kinshasa qui a coûté 59 millions USD. Alors que les recettes annuelles de la concession avoisinent 35 à 36 millions USD. En 2018, nous avons atteint un record de 43 millions USD. Nous avons aussi construit la route UPN-Mitendi de 7 Km, une belle route aujourd’hui à Kinshasa. Grâce à cette concession, nous sommes en train de moderniser la route Boma à Matadi et de Boma à Muanda. Grâce à cette concession, nous avons construit aussi le boulevard Joseph Kabila à Boma. Toutes ces réalisations ont été faites rien qu’avec les recettes du péage sur le tronçon Kinshasa-Matadi ».
« De la même manière avec les deux concessions du Haut Katanga et du Lualaba, vous trouverez aussi la même réalité. Grâce à la concession du Lualaba, on a construit le pont Lualaba, log de 702 m en bêton précontrat. On a construit la route Kolwezi-Likasi qui était très dangereuse. Grâce aux recettes du péage, nous avons modernisé l’ensemble de la route. Aujourd’hui, c’est la meilleure route du pays. Grâce à cette concession, on est en plein travaux entre Lubumbashi-Likasi en train de refaire l’ensemble des ouvrages d’art et consort. Tout aussi, une nouvelle route est née à Lubumbashi, on l’appelle la route de contournement de 27 km bitumés. Grace à cette belle expérience, aujourd’hui à Matadi on parle de plus en plus d’une route de contournement ».
Par rapport à la traçabilité, le patron a rassuré qu’à chaque péage le concessionnaire est en contrat avec des banques pour la perception de recettes. « Au niveau de péage, les tarifs sont affichés et il y a des guichets de banque. La Rawbank est en contrat avec le concessionnaire. Les frais sont directement payés au guichet de la banque et automatiquement enregistrées et collectées par les banques. Il existe un mécanisme d’affectation. 90% des recettes sont affectés aux travaux. C’est qu’on investit d’abord pour faire les travaux. Il y a une faible quotité qui est affectée aux provinces. D’ailleurs, en janvier 2020, il y a un rendez-vous pour les évaluations qui rassemblent toutes les parties prenantes », a-t-il dit.
Le rôle de l’ACGT est d’organiser le contrôle des projets du gouvernent, de s’assurer que les travaux sont faits selon les règles et de se convaincre de la conformité.
Amédée Mwarabu