Le plan dengagement budgétaire de janvier à mars 2019 avait prévu les dépenses à hauteur de 682 894 119,48 USD. Pendant la période, les recettes internes mobilisées par les régies financières se situent autour de 583 668 054,93 USD soit un taux dexécution de 85%. Comparé aux prévisions linéaires de 1 374 483 494,23 USD, il se dégage un taux dexécution de 42,46%. De son côté, la Banque Centrale a annoncé un déficit budgétaire de 91,5 millions dollars américains en mars (160 milliard de FC) et 59,5 millions USD (104 milliard de FC) au 5 avril 2019. Alors quen février, la Banque Centrale du Congo annonçait un excédent budgétaire de 12 millions de dollars américains.
Il faut noter que pendant la période, les dépenses de rémunération constituent le plus important paiement effectué par le trésor public (85%), suivi de celles de fonctionnement des institutions et ministères, ainsi que les transferts en province.
Pour la période, ce déficit budgétaire avoisine 151,1 millions USD et pourraient être plus élevés dautant plus que les dépenses publiques ont été payé à hauteur de 42,46% au premier trimestre 2019.
Pourquoi le déficit budgétaire maintenant ?
Le déficit budgétaire nest pas un fait prévisionnel. Il intervient par labsence de sources de financement des prévisions établies. Dans le cas de la RDC, il résulte dabord : des dépassements habituels des prévisions votées et dont les sources de financement sont clairement indiquées. Les dépenses de fonctionnement de la Présidence de la République par exemple ont connu un dépassement de 120% entre janvier-mars 2019.
Ainsi, au cour de la même période, les dépenses des instructions politiques, notamment la Présidence de la République (18 millions USD), la Primature (6,1 millions USD), lAssemblée Nationale (17,1 millions), le Sénat (5,2 millions USD), les Gouvernorats des provinces et les Assemblées provinciales (167,2 millions USD) ont coûté environ 213,6 millions USD au trésors publics, lit-on des différents états de suivi budgétaires de la période.
Ensuite, plus de 75% des dépenses publiques ont été exécutées en procédures durgence, foulant aux pieds les règles établies et en dehors des crédits votés par le Parlement. Le programme durgence de 100 jours en est une pire illustration. Il est extrabudgétaire et viole la Loi relatives aux finances publiques. Ces dépenses sont engagées par des services non attitrés, par manque dun Gouvernement, indique une source du ministère des Infrastructures et travaux publics.
Au niveau de la mobilisation des recettes publiques, on note quaucune régie financière na atteint ses assignations au premier trimestre 2019. La corruption, lévasion fiscale, les exonérations illégales, limmixtion du personnel militaire et policier sont des faits qui privent lEtat congolais à avoir les moyens dont-il a besoin. Cest la raison pour laquelle les dépenses sont supérieures aux recettes mobilisées.
Les investissements en souffrance !
Avec la persistance du déficit budgétaire depuis février 2019, les chances des investissements restent très minces. Cela se justifie dans la mesure où la gestion budgétaire reste opaque. Le non-respect des lignes budgétaires priveraient les secteurs pro-pauvres de moyen de mise en uvre des politiques publiques, comme fut le cas pendant la période compris entre 2012-2017. Laccroissement des inégalités sociales, lapprofondissement de la pauvreté, la détérioration de la gouvernance administrative, la baisse de la consommation, ne feront que perdurer, malgré les bonnes intentions du Président de la République.
Comme dans le passé, le budget de la RDC de 5 milliards de dollars américains restera celui de la rémunération et de fonctionnement. Ce sont donc les dépenses dinvestissements qui resteront en souffrance, dautant plus que le solde budgétaire a été toujours négatif à chaque exercice budgétaire. 59 millions USD en 2013 et 256 millions USD en 2015, renseignent les rapports de la cour des Comptes.
Vers laugmentation de la dette publique
Le déficit budgétaire se traduit par des emprunts nouveaux que lÉtat doit contracter au cours de lannée. Si lÉtat doit emprunter pour se procurer des liquidités nécessaires pour couvrir les emprunts antérieurs arrivés à échéance, on parle alors deffet « boule de neige ».
Selon les économistes, le déficit budgétaire peut jouer différents rôles. Pour Keynes, il peut stimuler la croissance et lemploi dans une économie en récession. En revanche, les libéraux insistent sur les effets néfastes de laccroissement de la dette publique.
Ces emprunts constituent doffice une dette publique, qui est estimée à environ 5.926,17 millions USD.
Pour gérer ce déficit budgétaire, quelques pistes semblent pertinentes dans le contexte congolais, notamment la compréhension par le secteur public de ladministration centrale ; provinciale et municipale ; les organismes décentralisés et les entreprises publiques ; afin de lutter contre la corruption, les évasions fiscales, tout en améliorant les structures de mobilisation des recettes publiques et parvenir à la redéfinition de la politique économique. Cela pourrait conduire à la bonne mobilisation des recettes par les régies financières et le respect de la chaîne de la dépense par tous les services publics. En plus, il est urgent de revoir le type de coopération avec les différents partenaires intervenant en RDC.
VM