Le développement de la République démocratique du Congo passe impérativement par des investissements conséquents dans la formation des Congolais. Cest le point de vue de Jo Sekimonyo qui soutient mordicus que le Congolais daujourdhui na pas les connaissances requises pour être compétitif au 21ème. Dès lors, les dirigeants devraient investir dans léducation de 80 millions des Congolais qui sont, selon lui, la vraie richesse de la RDC, contrairement aux idées reçues sur les richesses du sol et du sous-sol.
« Il faut redéfinir ce que cest une richesse. Quand on parle de richesse du sous sol en RDC, nous sommes pauvres en sous-sol en réalité. Lon dit que notre sous sol regorge 14 000 milliards USD comme valeur des ressources naturelles. Mais la dette des USA va jusquà 17 000 milliards USD. Ça veut dire que nous ne sommes pas riches. Notre plus grande richesse ce sont les 80 millions de Congolais, quon na pas recensé dailleurs. On ne sait pas en on est combien. La plus grande richesse cest dinvestir dans les Congolais. Le Congolais daujourdhui na pas les connaissances requises pour participer à léconomie du 21ème siècle. Ça veut dire, nous navons pas de savoir sur le plan technologique. Se poser la question de savoir comment le Congolais doit participer au 21ème siècle cest dire indirectement nous devons réformer notre système déducation. Ça veut dire quil faudrait quon ait une Haute autorité de léducation qui aura la mission de créer les Congolais qui peuvent participer à léconomie du 21ème siècle et conquérir le monde de demain. Pour savoir écrire des beaux poèmes, il faut apprendre dabord à écrire. Et pour savoir écrire, il faut copier, copier, copier jusquà ce quon saura écrire. Cest après quon saura écrire des beaux poèmes. Maintenant là, nous ne savons pas écrire mais nous voulons écrire directement des bons poèmes. Nous devons écrire une nouvelle histoire de la RDC et pour ça, il faut dabord savoir écrire », affirme Jo Sekimonyo.
Cet investissement doit être un projet à long terme pour créer une génération des Congolais capables daffronter les défis du 21ème siècle et être ainsi compétitif dans le concert des nations. Cest ce que, selon lui la Chine, durant les quarante dernières années. Ce qui fait que le chinois daujourdhui est aussi compétitif quun américain.
« Il faut se dire la vérité. Ce nest pas notre génération qui va vivre cette réalité là. Nous devons planter pour le futur. Il nous faut recréer le système déducation. On doit comprendre quaujourdhui le système qui développe les pays ce sont des systèmes de boom économiques artificiels. On doit comprendre le rôle de la banque centrale de créer des crédits modernes. Pour créer un boom économique, il faut savoir tricher comme tout le monde. On doit arriver à avoir une dette publique de 2000 ou 4 000 milliards USD. On doit avoir des experts qui peuvent aider l'État à sendetter à linternational. On dit souvent que la presse est le quatrième pouvoir. Non. En réalité, le quatrième pouvoir cest le monde financier. Les médias accompagnent les autres pouvoirs. On doit chercher largent. Doù doit venir cet argent là. Cest dans notre système déducation. On doit se dire comment construire un Congo meilleur pour les générations futures. Ce que les Etats-Unis ont fait en 200 ans, la Chine la fait en 40 ans. La Chine sest posé la bonne question : comment sortir les chinois de la pauvreté ? En 1970, il y avait 98% de la population chinoise qui était en dessous du seuil de pauvreté. Ils ont investi dans léducation. 40 ans après, cest seulement 2% des chinois qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Aujourdhui, le chinois est compétitif à laméricain. Le système éducatif chinois est compétitif au monde », dit-il.
En ce qui concerne la problématique de capter les investissements étrangers, cet économiste estime quil faut au préalable commencer par créer des opportunités. De son avis, les investisseurs étrangers vont là où sont les opportunités. Dès lors, la RDC devrait créer les conditions favorables aux opportunités économiques pour attirer les capitaux frais étrangers, pense Jo Sekimonyo.
« Pour capter les capitaux frais, ce nest pas question dêtre crédible ou dêtre organisé je ne sais comment. Il faut laisser aux experts soccuper de la quête des financements extérieurs. Le Conseil économique et social devrait être le laboratoire des conseils économiques et sociaux. Ce sont les conseillers économiques qui pouvaient dire au président de la République comment trouver des capitaux frais. Pour trouver des capitaux, il faut juste créer des opportunités. Il ne faut pas aller chercher les investisseurs. Il faut créer des opportunités parce que les investisseurs cherchent justement les opportunités. Comment créer les opportunités économiques ? Cest ça le grand débat quon devrait avoir en RDC. Est-ce quon veut faire de la RDC une puissance financière, une puissance agricole, une puissance énergétique, etc. Ça dépend de ce quon veut devenir. En dautres termes, quel écosystème veut-on créer pour le développement de la RDC. Cest là où le grand débat devrait se tenir au sein du Conseil économique et social. Quel écosystème on veut faire de la RDC ? Et si on a un consensus, cest en ce moment là on peut déterminer les grandes lignes de notre système déducation, de développement. La RDC ne va nulle part parce quon ne sait pas là où nous devrons aller. On doit redescendre aux fondamentaux. Quest-ce quon doit faire de la RDC ».
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Amédée MK