Les potentialités touristiques de la province portuaire Kongo Central méritent dêtre valorisées par la réhabilitation des voies daccès aux sites. Le plus encourageant cest que des opérateurs économiques privés de la province érigent de plus en plus des structures daccueil autour des sites touristiques.
Toute léconomie de la province du Kongo Central tourne autour du port de Matadi et celui de Boma. Pourtant, les potentialités touristiques de cette province peuvent favoriser la diversification des sources de revenus. Un état des lieux des potentialités touristiques du Kongo Central avait été fait en avril 2015 par le ministre du Tourisme dalors, Elvis Mutiri wa Bashara. A loccasion, le ministre avait fait la ronde de tous les sites touristique de cette province. Cette visite sinscrivait dans le cadre dune mission officielle consistant, dune part, à inspecter les sites et circuits touristiques existants afin den établir un état des lieux, et, dautre part, à identifier des nouveaux sites en vue de leur valorisation.
Tout aussi, lautorité de tutelle devrait-il mettre à profit sa visite de travail pour palper les difficultés auxquelles sont confrontées les touristes en villégiature dans cette partie de la RDC. Leurs doléances se résument aux mauvais états des voies daccès aux sites touristiques mais aussi en labsence des infrastructures daccueil dans la périphérie des certains lieux touristiques.
A cet effet, le ministre avait encouragé les opérateurs économiques de la province qui ont investi dans lhôtellerie et la restauration. Le constat est que les opérateurs économiques de la province voire des originaires du Kongo Central investissent davantage dans la construction des structures daccueil dans la périphérie des sites touristiques emblématiques. Ces investissements sont un apport important dans la promotion du tourisme dans lex Bas-Congo.
Avantages comparatifs dans le tourisme
Le Kongo Central a un avantage comparatif par rapport à dautres provinces de la RDC. Il bénéficie des infrastructures routières. Toutes les villes de la province sont accessibles par routes. Ce qui est un atout majeur pour attirer davantage les touristes tant nationaux quétrangers. Bien plus, le Kongo Central, comme toute la partie ouest de la RDC, bénéficie dune paix totale. Aussi, la province portuaire est voisine à Kinshasa (12 millions dhabitants) qui se trouve être la porte principale dentrée des visiteurs étrangers dans le pays.
Quant à ladministration de la section provinciale du tourisme, elle est, comme partout ailleurs dans le pays, confrontée aux difficultés suivantes : déficit de formation des agents, manque de financement et de mobilité tant pour le personnel que pour les touristes.
Quant aux opérateurs privés, hôteliers et restaurateurs, partenaires privilégiés du ministère, leurs revendications demeurent le non-paiement de la dette intérieure, les tracasseries administratives avec multiplicités des taxes, les arrestations non légales des clients dans les établissements, la concurrence déloyale par la présence des ASBL confessionnelles dhébergement.
La vision du ministère du Tourisme entend faire de Kinshasa, du Kongo Central et du Nord Kivu, des provinces pilotes de la politique de relance du tourisme en RDC. Ce programme se décline dans le renforcement des capacités des fonctionnaires de ladministration et dans la réhabilitation des voies daccès à certains sites.
A la découverte des merveilles du Kongo Central
Au départ de Kinshasa pour le Kongo Central, la première escale touristique est « Mbwela Lodge » à Inkisi, à 104 km de la capitale. Une auberge dotée dune possibilité daccueil de 24 chambres, un restaurant, une salle polyvalente, des espaces pour le sport. Le site est une initiative privée de lAmbassadeur Antoine GHONDA. Cette structure daccueil est à quelques encablures du jardin Botanique de Kisantu, terre de plantes.
Étendu sur une superficie de 225 ha au bord de la rivière Inkisi, le jardin Botanique de Kisantu regorge une collection despèces variées de bois, fibres, fruits, graines et autres épices dans son musée et une multitude darbres exceptionnels, dont larbre qui marche grâce à ses racines adventives. Centenaire, cet arbre peut couvrir 1 ha en un siècle sil nest pas taillé. Cest une espèce quil faut protéger.
Autre pièce rare dans ce jardin cest le Dinosaure, symbole même du jardin, espèce fortement menacée. Le jardin abrite lunique école pilote dhorticulture de la RDC confrontée au manque déquipements pour son laboratoire. Un des problèmes que connait le site cest justement le mauvais état de ses voies daccès.
Après Kisantu, il y a les chutes de ZONGO. Ce site est confronté à lépineux problème daccès à ce patrimoine public national. Les activités hôtelières et touristiques développées tout autour lui offre une valeur ajoutée quil faut promouvoir par la réhabilitation des voix daccès.
Les chutes de Zongo, la grotte « PAPA SIMON KIMBANGU », la plage Sunguza, les chutes de massage, sont autant des ressources touristiques susceptibles de générer dimportantes rentrées en devises étrangères pour la province. Le site de Zongo dispose même dun aérodrome qui nest pas exploité. Pourtant, une infrastructure capitale pour réduire le temps de voyage des visiteurs en provenance de Kinshasa ou de Matadi, chef-lieu de la province.
A Matadi, on est forcément fasciné par le Belvédère. Ce site offre une vue panoramique exceptionnel de toute la vallée de Mpozo et renferme lhistoire du chemin de fer Matadi Kinshasa. Une fois restaurée ce site peut constituer un lieu dattraction dans le cadre du tourisme scolaire et être renforcé par un musée et une boutique des souvenirs.
Dautres sites tels que le pic Kinzau (ex Cambier), le monument aux porteurs et la route de caravane ayant une valeur historique nécessitent également une réhabilitation. A la sortie de Matadi pour la ville de Boma, il y a le pont Maréchal Mobutu. Un chef-duvre construit dans le cadre de la coopération zaïro-japonaise dans les années 1980.
Boma, cest dans cette ville quest érigée la 1ère cathédrale catholique de lAfrique centrale. On y trouve aussi le cimetière des pionniers, le site du 1er camp militaire de la force publique, le premier bureau du gouverneur général, la résidence du 1er gouverneur général, les deux premières voitures qui ont roulé au Congo , le bateau explosé dont lépave est encore perceptible dans le fleuve Congo. Un hôtel 4 étoiles y est érigé par un opérateur privé aux alentours, pour la valorisation du site.
Boma touristique, cest aussi le célèbre baobab de STANLEY. Ce site devrait être enrichi dune boutique de souvenirs avec des articles représentant ce baobab en miniature, selon le projet du ministère du Tourisme.
A Moanda, la pointe de Banana, jonction entre le fleuve Congo et locéan Atlantique, reste une merveille pour les visiteurs. La ville côtière congolaise héberge le seul Parc marin des Mangroves à palétuviers que compte la RDC. Dans cette aire protégée, outre la faune aquatique (lamantin) et la flore (palétuviers), plusieurs attractions soffrent aux visiteurs notamment les singes, les tortues marines, les perroquets, et surtout la pêche aux huîtres réalisée par les femmes qui font des plongées extraordinaires.
De la Pointe de BANANA à la plage de TONDE en passant par le parc marin de mangroves à palétuviers, riche est le circuit touristique quoffre la ville de MUANDA .Cette plage offre une belle attraction à la sortie de la rivière Tonde qui se jette sur lOcéan .Un endroit embelli par lhôtel La BEVIOUR au bord de lOcéan ATLANTIQUE. Cet établissement offre une soixantaine de chambres, un restaurant de haute qualité, une salle polyvalente et plusieurs autres services et attractions. Un investissement privé qui a remonté la note de Muanda et promu cette destination. La compagnie Congo-Airways lie désormais la ville de Kinshasa à Moanda.
La route de lesclave en reconstitution
La RDC a vécu 400 ans desclavage. Le Kongo Central en garde le plus des vestiges dont lindélébile route de lesclave, où sont encore visibles les chaînes sur lesquelles étaient attachés les esclaves avant leur embarquement vers les autres continents. Même la marmite dans laquelle était préparée leur nourriture est encore conservée. La plage de MAKOKO servait de port dembarquement des esclaves. Une ONG de la place est en train de reconstituer la forêt VULA où étaient gardés les esclaves en attente des navires qui les embarquaient vers des lointains continents.
Depuis 2015, le ministère du Tourisme sétait engagé à apporter tout son appui dans les travaux didentification et de reconstitution du circuit de la route de lesclave en RDC. Ce projet sintègre à celui lancé, depuis 1995, par lUnesco et lOrganisation mondiale du tourisme (OMT) sous la dénomination « Route de lesclave transatlantique ». Lobjectif de ce programme est de contribuer à une meilleure compréhension de causes et modalités de lesclavage ainsi que des enjeux et des conséquences de la traite négrière dans le monde.
Amédée Mwarabu