Un jour après ladoption du projet de décret portant approbation de la Convention de collaboration relatif à la construction du port en eau profonde de Banana par le Conseil des ministres, le vice-Premier ministre et ministre des Transports a rendu public le nom de lentreprise qui doit soccuper de la construction de ce port.
Dentrée de jeu, le vice-Premier ministre, José Makila Sumanda, a affirmé, au cours dune conférence de presse organisée le mercredi 21 mars 2018, que la construction du port en eau profonde est stratégique. Une façon pour lui de se justifier devant tous ceux qui laccusent, selon ses propres termes, de navoir pas respecté la procédure de passation des marchés publics.
« Il importe donc de savoir que la construction de ce port relève de la souveraineté de lEtat. Cest ainsi quaprès analyse de la manifestation dintérêt de DP WORLD, lEtat congolais sest rendu compte que cette société remplissait les conditions légales. Et donc, lEtat est en droit détablir un partenariat public-privé conformément au titre II de la loi 14/005 relatif aux dispositions spécifiques applicables à ce type de partenariat ».
Techniquement, le projet consiste en la construction ainsi que la gestion dun port et dune zone de libre-échange à Banana, pour un coût supérieur à un milliard de dollars US. La première phase prévue est laménagement dun quai de 1 500 mètres sur la côte de locéan Atlantique. La RDC dispose dun accès à locéan avec le fleuve Congo. Pour cette phase, le coût est établi à quelque 396 millions de dollars US, rapporte la plateforme de protection des lanceurs dalerte en Afrique (PPLAAF).
José Makila donne également les raisons du choix de cette société.
« Il est un opérateur indépendant non affilié à une compagnie maritime. Ce qui permettra au port de Banana dêtre utilisé par la majorité des compagnies maritimes mondiales. Le projet présenté par DP WORLD est cohérent et intègre aussi une zone industrielle et logistique pour une valeur supérieure à 1 milliard USD. Et le modèle présenté par cette entreprise a déjà fait ses preuves dans plusieurs pays, notamment lAustralie, les Emirats Arabes Unis, le Royaume Uni et le Sénégal », a indiqué le ministre des Transports.
Dans ce projet, lEtat congolais aura 30% de participation non-diluables au capital social et DP WORLD aura 70 %. Les postes du président du conseil dadministration (PCA) et du directeur général (DG) seront assurés par les Congolais et la construction se déroulera en 4 phases pour atteindre au final 1600 mètres avec une capacité de plus de 2 millions de containers 20 pieds par an. En plus, une zone économique spéciale sera érigée non loin du port. Les familles et entreprises se trouvant sur la zone identifiée, seront indemnisées, affirme le vice-Premier ministre José Makila.
DP World est le troisième exploitant portuaire mondial. Il est une filiale de Dubai World, société de participation appartenant au gouvernement de Dubaï. Il est coté au Nasdaq Dubai.
Ce dossier se traite dans un climat de suspicion et dallégations de corruption.
« Le contrat que sapprêterait à signer le gouvernement de la RDC et DPW pour la construction et lexploitation du port de Banana est supposé créer une structure de sociétés permettant lenrichissement personnel de personnes politiquement exposées, dont le président congolais Kabila. Lensemble des négociations serait également entaché de faits de corruption autour dun projet qui doit sélever à plus dun milliard de dollars US », note PPLAAF qui publie une série de documents à ce sujet.
Willy Akonda Lomanga/ Desk Eco