Selon une nouvelle enquête de Global Witness, "dix entreprises européennes pourraient importer vers lUE du bois congolais illégal représentant plusieurs millions deuros", indique un communiqué de presse publié ce jeudi 14 mars par cette ONG internationale de lutte contre la corruption.
Global Witness révèle que dix négociants de lUE importent du bois provenant dIFCO (Industrie Forestière du Congo), une compagnie forestière de la République démocratique du Congo accusée dignorer les législations forestières et le code du travail.
"En plus de représenter un véritable danger pour les forêts humides qui jouent un rôle clé dans la régulation du climat, de tels agissements pourraient constituer une atteinte directe au Règlement Bois de lUnion européenne, législation historique qui donne lieu à limposition de peines sévère. Ces entreprises européennes, qui ont introduit sur le marché européen du bois illégal ou à haut risque dillégalité dune valeur de 2 millions deuros, devraient sabstenir de sapprovisionner auprès dIFCO tant que ces manquements manifestes à la législation nont pas fait lobjet dune enquête", note Global Witness.
Global Witness exhorte par ailleurs les autorités françaises, italiennes, espagnoles, polonaises, portugaises et belges à prendre des mesures sans plus tarder et à faire observer le Règlement Bois de lUE.
Pour cette ONG internationale, lanalyse des images satellitaires effectuée "montre quIFCO a opéré de manière illégale en dehors des périmètres autorisés et quelle a exploité la forêt à grande échelle alors que les autorités provinciales avaient suspendu ses opérations".
Six États membres de lUE pourraient, selon cette ONG, porter atteinte au Règlement Bois de lUnion européenne (RBUE) en achetant du bois à IFCO, une compagnie qui ignore la législation forestière en vigueur en RDC.
L'enquête révèle qu'en 2018, "des entreprises basées en France, en Belgique, au Portugal, en Espagne, en Italie et en Pologne ont au total introduit sur le marché de lUE plus de 1 400 m3 de bois à haut risque provenant dIFCO, dune valeur approximative de 2 millions deuros, et ce, en à peine cinq mois".
"IFCO, deuxième exportateur de bois de la RDC, a opéré en dehors des périmètres autorisés. En 2018, la société a également exploité la forêt à grande échelle alors que les autorités provinciales avaient suspendu ses opérations pour atteintes aux législations forestières et au code du travail", signale Global Witness.
Colin Robertson, chargé de campagne pour Global Witness, a déclaré : « Le Règlement Bois de lUE est en vigueur depuis plus de six ans, et pourtant voici un nouveau cas où du bois illégal ou à haut risque dillégalité aboutit dans des ports de lUE, visiblement sans que les autorités ne laient contrôlé. Lexploitation forestière illégale contribue fortement au changement climatique, et une application insuffisante de la législation risque de nuire aux efforts consentis par lUE pour lutter contre ce phénomène. Il est également important que les entreprises se penchent de bien plus près sur leurs chaînes dapprovisionnement et quelles sassurent de ne pas prendre part à un commerce de bois coupé dans l'illégalité. Les activités illégales que notre note danalyse met aujourdhui en lumière suggèrent quon ne saurait compter sur IFCO ou sur son prédécesseur Cotrefor pour respecter les législations congolaises. Les entreprises importatrices de bois dIFCO dans lUE devraient sérieusement sen inquiéter. »
IFCO a hérité des droits dexploitation et des opérations qui appartenaient à Cotrefor, compagnie forestière notoirement accusée de plusieurs activités illégales. Cotrefor aurait également été liée à un conglomérat libanais figurant sur une liste de sanctions établie par le Trésor américain au motif quil financerait le Hezbollah, soutient Global Witness.
Les clients européens dIFCO énumérés dans le document dinformation sont les suivants : Exott, Belgique; TimTrade, Italie; Edwood, France; Angot Bois, France; JAF Polska, Pologne; France Noyer, France; Interarrod, Portugal; Timbearth, France; Carbon Market Timber, France.
En vertu du RBUE, les entreprises doivent pouvoir démontrer quelles ont pris des mesures concrètes pour réduire le risque que le bois importé dans lUE ait été extrait dans lillégalité.
Amédée MK
Global Witness accuse 10 entreprises européennes d'importer du bois congolais illégal vers l'UE
PAR Deskeco - 14 mar 2019 10:02, Dans Actualités