Le gouvernement congolais a lancé en août dernier la campagne agricole pour l’année 2025-2026 avec pour objectif : booster l’agriculture en République démocratique du Congo, où la question de l’alimentation demeure encore une préoccupation majeure. Le président de la République avait ainsi annoncé la disponibilité des semences, de fertilisants et pesticides de qualité en vue d’y parvenir. Cet engagement du gouvernement ne peut être possible que si les agents impliqués pour le secteur sont valorisés.
Cependant, deux défis majeurs se posent malgré la volonté du gouvernement, celui du financement du secteur et de la fixation de Smig pour le personnel impliqué dans le projet. La première ministre Judith Suminwa les a fait savoir lors du 68ième conseil de ministres du vendredi 28 novembre dernier. Elle a instruit de ce fait le ministre de l’Agriculture à suivre les lignes directrices mises en place pour trouver des réponses à ces questions.
Judith Suminwa évoque ainsi l’urgence de faire aboutir la reforme portant sur le secteur agricole, pastoral et forestier, une reforme figurant dans le programme d’actions de son gouvernement établi sur quatre ans.
« Suivant la volonté clairement exprimée par le président de la République, la première ministre a rappelé que l’agriculture est l’un des secteurs prioritaires du programme d’actions du gouvernement 2024-2028. Il s’agit également du secteur qui emploie le plus de monde en RDC, soit en peu près plus de 60% de main d’œuvre active suivant les statistiques », rapporte le compte-rendu du conseil.
Avant d’ajouter,
« Pour soutenir cet élan, le gouvernement a pratiquement doublé la part du budget alloué au secteur agricole depuis le début du quinquennat. Il a également entamé un processus de cohérence de l’ensemble des initiatives portant sur le secteur agricole pêche et élevage ainsi que du développement rural ».
Pour l’exercice budgétaire 2025, la loi de finances a prévu 11% du budget pour relever le secteur, soit au-delà de l’objectif fixé dans le cadre des accords de Maputo. En 2024, c’était 12%. En 2022, le budget alloué à l’agriculture était de 3,52 % et celui de la pêche 0,84 %. Tandis qu’en 2023, celui-ci était de 10,7 % du budget général. Entre 2022 et 2024, il a connu un bon de 8 %.
Mais malgré ces prévisions, la mise en exécution réelle de crédits alloués à l’agriculture peine à se concrétiser. L’Observatoire de la dépense publique a révélé, dans une récente analyse, qu’il y a une énorme disparité dans l'allocation et l'utilisation des ressources envers les secteurs sociaux, dont l’agriculture.
Au premier trimestre 2025, l'agriculture n'a capté que 2 %, malgré l'urgence alimentaire accrue en République démocratique du Congo, où la population ne mange en moyenne qu'une fois par jour. Un rapport du Programme alimentaire mondial (PAM) classe d'ailleurs certaines provinces du pays, telles que le Kasaï Oriental, en phase 3 de crise alimentaire en 2024, c'est-à-dire en situation d'urgence. Dans cette province, 8 ménages sur 10 n'ont pas accès à une alimentation saine et suffisante.
Vu l’urgence de relever le secteur, le gouvernement prévoit que la prochaine conférence de gouverneurs aborde ces questions. L’objectif est de réfléchir sur comment mobilier suffisamment le financement pour la relance du secteur dans les 26 provinces de la République démocratique du Congo.
« La première ministre est revenu sur la décision prise par le président de la République de placer la prochaine conférence de gouverneurs sur le thème de la transformation du secteur agricole pastoral et aloétique et développement rural, connexion aux marchés urbains. Deux défis majeurs persistent : le premier, le défi du financement du secteur, l’autre défi concerne la fixation du Smig pour le personnel qui est impliqué dans ce secteur d’activité », a indiqué le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya.
Jean-Baptiste Leni