Interception de 13 kg de diamant au Kasaï Oriental : « Il n’y aura aucune tolérance face à la fraude minière », lance le gouverneur intérimaire

Les prix de gros des diamants taillés en gros ont chuté d’environ 20 % en 2023
Les prix de gros des diamants taillés en gros ont chuté d’environ 20 % en 2023
PAR Deskeco - 14 nov 2025 08:36, Dans Actualités

Face aux pratiques de fraude minière dans la province du Kasaï Oriental, le gouverneur intérimaire, Daniel Kazadi Cilumbayi, a prévenu sur des mesures exemplaires qui seront prises contre les auteurs de ces actes illicites. Cette mise en garde intervient à la suite de l’interception, mardi 11 novembre, d’une cargaison d’environ 13 kilogrammes de diamant à l’aéroport de Bipemba, à Mbuji-Mayi, rapporte le correspondant d’actualité.cd dans la région, Michel Cyala.

Alerté par les services de sécurité, l’exécutif provincial s’est félicité de la vigilance des équipes qui ont permis cette saisie, tout en ordonnant que les procédures légales soient appliquées avec rigueur. « Il n’y aura aucune tolérance face à la fraude minière. La loi doit s’appliquer dans toute sa rigueur », a martelé Daniel Kazadi, insistant sur la détermination du gouvernement provincial à restaurer l’ordre et la transparence dans l’exploitation des ressources naturelles.

Le chef de l’exécutif provincial a, dans la foulée, instruit les services compétents de renforcer les mécanismes de contrôle dans les zones minières, aux postes frontaliers ainsi que sur tous les axes de sortie de la province. 

« Nous devons rompre avec les anciennes pratiques et prouver que le Kasaï Oriental peut gérer ses richesses de manière responsable », a-t-il ajouté, soulignant l’importance d’une gouvernance minière intègre au service du développement local.

Cette interception d’une cargaison d’une telle envergure met en lumière l’ampleur du phénomène de contrebande qui mine le secteur minier congolais. Longtemps considéré comme un pilier potentiel de l’économie nationale, ce secteur reste fragilisé par les pratiques frauduleuses, la corruption et la mauvaise gouvernance. Pour les autorités provinciales, l’heure est désormais à la fermeté et à la responsabilisation de tous les acteurs impliqués dans la chaîne minière.

Selon la Cellule technique de coordination et de planification minière (CTCPM) du ministère congolais des Mines, qui a publié en juin dernier ses statistiques d’exploitation de diamant sur le premier trimestre 2025, le secteur artisanal domine encore la production de diamants en République démocratique du Congo. La province de Kasai Oriental occupe la première position.

« La production artisanale de diamants, répartie par province, est dominée par le Kasaï-Oriental avec 93,7 %, suivie du Kasaï-Central avec 6,19 %, du Kasaï avec 0,1 %, du Kwango avec 0,03 %, du Sankuru avec 0,03 %, de l'Ituri avec 0,001 % et du Nord-Ubangi avec 0,001 % en volume », précise la CTCPM dans ses statistiques.

Dans cette exploitation artisanale, révèle à son tour, l'International Peace Information Service (IPIS), 60 à 80 % des volumes d'exportation de diamants congolais sont fournis par les mineurs, qui les livrent à leur tour, aux intermédiaires appelés « commissionnaires ». Ce système encourage le commerce hors circuit légal, alors que le code minier prévoit que seuls les « comptoirs » sont autorisés à exporter des diamants d'origine artisanale.

« Ces négociants fournissent souvent aux mineurs des crédits leur permettant de préfinancer leurs activités. Si les petits négociants et mineurs peuvent se rendre directement dans des bureaux pour les ventes importantes de diamants, beaucoup de petites transactions se font sur les "mini-marchés", des lieux privés que l'on trouve dans les zones productrices de diamants, ainsi que dans les plus grandes villes », indique-t-il.

Selon une étude publiée en avril 2025 par l'International Peace Information Service (IPIS), l'exploitation de diamants en RDC a connu une baisse considérable au cours des vingt dernières années. La production annuelle est passée de 30 millions de carats au début du siècle à une moyenne de 11,7 millions de carats par an depuis 2019.

Jean-Baptiste Leni

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