Appréciation du franc congolais face au dollar : « Des efforts vont être faits pour minimiser la perte de recettes publiques » (Daniel Mukoko Samba)

Mukoko Samba, ministre congolais de l'économie nationale
Mukoko Samba, ministre congolais de l'économie nationale
PAR Deskeco - 05 nov 2025 12:43, Dans Finances

Dans son intervention ce mardi 4 novembre 2025 au Sénat, alors qu’il était interpellé pour répondre à une question d’actualité sur l’appréciation actuelle du franc congolais face au dollar américain, le ministre congolais de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a expliqué que l’appréciation de la devise locale va avoir des impacts sur les recettes publiques, mais a également promis que le gouvernement s’activera pour minimiser le choc.

« Quel est l’impact de l’appréciation sur les recettes d’exportation, comme le cobalt et le cuivre dont les prix s’améliorent ces dernières semaines, alors que les prix sont libellés en dollars, les recettes encaissées en dollars et que les entreprises doivent payer les impôts qui sont évalués en francs congolais ? », s’est interrogé Mukoko Samba.

Avant de répondre :

« On verra un impact, on s’y attend sur l’exercice prochain, mais des efforts vont être faits tant du côté des dépenses que des recettes pour minimiser la perte de recettes publiques ».

Beaucoup d’analystes pensent également que l’appréciation actuelle de la monnaie locale va diminuer la réalisation des recettes, avec un impact sur les dépenses courantes de l’État.

« L'appréciation monétaire conduira à la baisse des recettes. J'ai été le premier à le dire. C'est une évidence » a écrit par exemple sur son compte X Flory Mapamboli, expert en finances publiques, ancien conseiller du ministre des Finances en charge de la Trésorerie, actuellement député national et membre de la commission Ecofin de l’Assemblée nationale.

Pas de baisse des recettes, persiste la BCC

Dans un communiqué consulté par Deskeco ce mardi 4 novembre, la Banque centrale du Congo (BCC) fait savoir que l’appréciation actuelle du franc congolais face au dollar américain n’a pas d’impact sur la réalisation des recettes de l’État.

« Les recettes se sont situées à 23 727,7 milliards de CDF, face à des prévisions budgétaires de 22 422,4 milliards » à fin octobre 2025, précise la BCC, qui estime que ceci atteste « une plus-value des recettes publiques de 1 305,7 milliards de CDF ».

Des mesures pour contrôler la situation

La BCC, à la base de l’appréciation du franc congolais face au dollar américain, a annoncé des mesures pour contrer les éventuels effets négatifs de cette mesure.

« Plusieurs mesures sont à la portée du gouvernement pour compenser cette perte de recettes (arrêt des allègements fiscaux sur 10 produits de 1ère nécessité, reprise des exportations du cobalt dont la tonne se négocie à près de 50.000 USD, la poursuite des réformes de mobilisation des recettes notamment la facture normalisée et les jeux d'argent, etc.) », a écrit Flory Mapamboli.

Le gouvernement mise sur une bonne coordination budgétaire et monétaire

Concernant la question de la coordination des politiques budgétaire et monétaire, ainsi que celle de la stabilité des changes, le vice-premier ministre, ministre en charge de l’Économie nationale, a rassuré que le gouvernement et la banque centrale vont s’activer pour maintenir le taux de change.

« L’idée que la BCC et le gouvernement vont bientôt se retrouver incapables de contenir le roi dollar qui va reprendre sa marche vers 2850, qui serait selon certains experts le taux juste, en tout cas, de l’échange que nous venons d’avoir, des instruments qui sont disponibles aujourd’hui tant du côté de la BCC que du gouvernement, je ne pense pas que ce soit ce que nous allons revivre. »

Avant d’ajouter :

« Ce que le gouverneur a fait, c’est d’injecter 50 millions USD et mettre en place ce dont j’ai fait mention en actualisant le taux de change pour la constitution de la réserve obligatoire, en faisant coïncider ces deux actions dans un mois fiscal, c’est ce qui a fait que la ponction de francs a été plus forte, mais ce n’est pas tous les mois qui sont des mois fiscaux. Donc à partir du 15 novembre, puisque l’actualisation se fera au taux indicatif du 31 octobre, on va rentrer dans un mouvement habituel de ponction et d’injection en fonction de ce que le marché demande pour maintenir le taux de change stable ».

Jean-Baptiste Leni

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