Le Mouvement National des Consommateurs Lésés (MNCL) s’indigne de l’appréciation brusque et accélérée de francs congolais sans mesures d’accompagnement. Dans un communiqué rendu public le 14 octobre, le mouvement dénonce ainsi une situation « injuste et incompréhensible » où la monnaie locale s’apprécie rapidement, alors que les prix des produits de première nécessité restent inchangés, voire augmentent.
Il appelle le gouvernement et la Banque Centrale du Congo (BCC) à agir sans délai, afin de protéger le pouvoir d’achat de la population congolaise face à la baisse du dollar qui, paradoxalement, ne profite pas aux ménages.
« Du dollar qui plonge... mais des prix qui stagnent : stop à l’arnaque ! Le MNCL constate avec amertume que sur le terrain, cette appréciation du franc congolais s'accompagne aussi de graves dérives qui fragilisent les ménages et menacent sérieusement le pouvoir d'achat des consommateurs. Ainsi, malgré la baisse du taux de change, les prix de nombreux produits de première nécessité demeurent inchangés, voire en hausse », s’indigne le mouvement citoyen dans son communiqué.
Par ailleurs, plusieurs cambistes et agents de mobile money échangent déjà le dollar à 1 900 FC, 1 800 FC voire 1 700 FC, alors que le taux officiel communiqué par la BCC est de 2 300 FC, actuellement à 2 112 Fc. Les opérateurs économiques, de leur côté, justifient la non-baisse des prix par la nécessité d’écouler leurs anciens stocks, une explication que le MNCL juge « peu convaincante ».
« Les opérateurs économiques justifient cette résistance des prix par la liquidation de leurs anciens stocks, mais cette explication ne saurait justifier une telle inertie économique. Pendant que la monnaie nationale se renforce, les ménages continuent de payer au prix fort, créant un déséquilibre qui enrichit certains acteurs au détriment du plus grand nombre », peut-on lire.
Le document ajouter,
« Le MNCL dénonce une démarche de la banque centrale entreprise sans mesures d'accompagnement claires pour encadrer les comportements sur le marché. Cette situation ouvre la voie à des pratiques spéculatives qui profitent à une minorité : cambistes, opérateurs de mobile money et certains commerçants qui maintiennent leurs marges en prétextant des coûts d'acquisition anciens, alors même que la logique économique voudrait une révision immédiate des prix à la baisse ».
Face à cette incohérence entre politique monétaire et réalité sociale, le MNCL appelle les autorités compétentes à prendre des mesures urgentes, dont imposer la répercussion immédiate de la baisse du taux de change sur les prix des biens et services ; lutter contre la spéculation en déployant des équipes de contrôle sur les marchés ; sanctionner sévèrement les contrevenants ; et renforcer l’affichage des prix en francs congolais, avec un mécanisme de suivi citoyen et un numéro vert de dénonciation.
Le mouvement dit soutenir la vision d’un franc congolais fort, symbole de stabilité et de souveraineté nationale, mais prévient que cette ambition ne doit pas se réaliser au détriment du peuple. « Une monnaie forte n’a de sens que si elle se traduit par une amélioration réelle du pouvoir d’achat et des conditions de vie des Congolais », insiste-t-il.
L’organisation assure qu’elle restera vigilante et engagée pour défendre les droits des consommateurs et interpeller les autorités « tant que durera cette incohérence entre la théorie économique et la vie quotidienne du citoyen congolais ». « Le franc congolais s’apprécie, mais la vie du citoyen congolais, elle, ne doit pas se déprécier », conclut son communiqué.
Jean-Baptiste Leni