Le procureur général près la Cour des comptes, Salomon Tudieshe, reste convaincu qu’une collaboration entre l’État et la société civile va mettre fin à l’impunité et réduire les effets de la corruption en République démocratique du Congo. Il s’est exprimé à la presse au terme du Forum sur la justice organisé les 7 et 8 août 2025 à Kinshasa par la plateforme de la société civile « Le Congo n’est pas à vendre ».
« Il faut changer les mentalités, mettre un terme à l’impunité, il faut une plus grande collaboration entre les entités de l’État et la société civile qui s’occupe des questions de prévention et de lutte contre la corruption pour que nous trouvions une manière d’y mettre un terme. On ne va pas la réduire totalement, mais on peut la réduire suffisamment pour que les effets qu’elle a sur le développement, la démocratie, le droit des uns et des autres soient atténués », a recommandé le procureur général près la Cour des comptes, Salomon Tudieshe.
À l’en croire, pour ce faire, il n’est pas question de la volonté politique, qui est déjà là à travers des lois votées, mais il faut maintenant les mettre en pratique.
« Je prends l’exemple de la Cour des comptes qui est l’Institut supérieur de contrôle. Elle doit recevoir des rapports (sur les cas de corruption et des détournements de deniers publics : ndlr) des autres instituts de contrôle, mais ça n’arrive pas. Il faut qu’on fasse en sorte que tous ces rapports arrivent à la Cour des comptes pour qu’on puisse les examiner », a-t-il recommandé.
Il invite la population à dénoncer les cas de détournement ou de corruption. « La population doit dénoncer, le problème c’est celui-là. Nous sommes complaisants vis-à-vis des gens qui sont dans nos bureaux. Parce que nous voulons leur tendre la main et recevoir très peu, alors que nous avons droit à davantage ».
Le procureur général Salomon Tudieshe a aussi évoqué les obstacles à la lutte efficace de la Cour des comptes contre la corruption.
« Parler de ces obstacles, ce serait beaucoup de choses à dire, mais je préfère regarder les obstacles internes, les positions internes des membres de la Cour qui sont incompatibles avec l’accomplissement de la mission de la Cour, il y en a beaucoup », a-t-il dit.
Organisé à l’initiative du CNPAV, ce forum sur la justice avait pour but de créer un cadre de collaboration entre la société civile et les institutions étatiques de contrôle pour lutter efficacement contre la corruption dans les secteurs de la gouvernance financière et des industries extractives en RDC.
Bienvenu Ipan