RDC : Entre manque d'équipements et exposition à des substances toxiques, deux organisations déplorent les violations des règles de sécurité dans les mines du Katanga pour les travailleurs en sous-traitance

Les miniers en pleine exploitation. Ph. Droits tiers
Les miniers en pleine exploitation. Ph. Droits tiers
PAR Deskeco - 20 juin 2025 14:59, Dans Mines

L'ONG britannique Raid et le Centre d'Aide Juridico-Judiciaire (CAJJ), basé à Kolwezi, ont dans leur rapport publié à l'occasion de la DRC Mining Week qui s'est tenue du 11 au 13 juin dernier à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga, déploré les violations des règles de sécurité, principalement pour les travailleurs en sous-traitance, par les entreprises engagées dans la production de cobalt et de cuivre dans l'ancienne province du Katanga.

« Des travailleurs employés par des sous-traitants ont déclaré ne pas recevoir d'équipement de protection individuelle, ou alors du matériel de mauvaise qualité, usé, ou non remplacé selon les recommandations, les laissant avec des équipements déchirés ou dégradés. Certains ont expliqué avoir dû acheter eux-mêmes leur équipement de sécurité ou le partager avec des collègues pour tenter de se protéger », peut-on lire dans le rapport.

La plupart de ces travailleurs ont également indiqué avoir été exposés à des situations telles que devoir grimper sur des échafaudages sans harnais de sécurité ou être exposés à des substances toxiques, sans pouvoir se plaindre par peur de perdre leur emploi.

« Plusieurs travailleurs manipulant des substances toxiques ont signalé des défaillances graves en matière de santé et sécurité, notamment des fuites de produits chimiques et l'absence d'équipement de protection. Un travailleur a décrit avoir souffert de brûlures à la jambe après qu'une substance toxique se soit renversée sur lui alors qu'il travaillait sans équipement adapté », indique le rapport.

Un travailleur interrogé lors de l'enquête a rapporté que chaque semaine, il crachait du sang.

Un autre travailleur, employé au processus de lixiviation, a décrit des fuites régulières d'acide sulfurique : « Ça brûle le nez, ça peut même t'étouffer, et tu peux saigner du nez », indiquent Raid et CAJJ.

Le rapport poursuit :

« Un autre a raconté avoir vu un collègue "aspergé d'acide" pendant son travail. Lorsque ce dernier a cherché à se faire soigner, il a été pointé comme absent et trois jours de salaire lui ont été retirés pour avoir pris le temps de soigner ses blessures. »

Expositions aux radiations de l'uranium

Selon l'enquête, d'autres travailleurs ont été exposés aux radiations de l'uranium, souvent présent naturellement dans les mêmes roches que le cuivre et le cobalt.

« Un travailleur d'un site minier a déclaré : "J'ai quitté [une entreprise sous-traitante] à cause de ma santé personnelle. Il y a des radiations partout dans les mines, on a du sang dans le nez et les travailleurs sont exposés à la poussière et à la fumée riche en uranium, même si on porte un masque" », rapportent les deux organisations.

Pas de prise en charge en cas d'accident

Les deux structures indiquent également avoir recueilli des témoignages de travailleurs qui ne sont pas pris en charge en cas d'accident.

« [Lorsqu']il y a un accident du travail, il n'y a pas de transport, il n'y a pas d'ambulance. (...) On nous récupère et on nous dépose au niveau de la barrière [de la mine]. On cherche alors un autre moyen de transport. [L'entreprise] préfère payer en dehors de l'usine. Je crois par mauvaise foi. Nous nous sommes plaints plusieurs fois. Ils nous disent qu'ils ne préfèrent pas dépenser », a indiqué un des travailleurs.

Pour remédier à cette situation, Raid et CAJJ recommandent aux entreprises minières concernées, dont Kamoto Copper Company (KCC) de Glencore, Metalkol RTR du groupe Eurasian Resources, Tenke Fungurume Mining (TFM) de China Molybdenum, la mine COMMUS du groupe Zijin Mining, la Société minière de Deziwa (Somidez) de China Nonferrous Metal Mining Company (CNMC), et Sicomines, une coentreprise (joint-venture) entre la Gécamines et un consortium d'entreprises et d'investisseurs chinois, de réviser leurs normes de santé et de sécurité sur les sites miniers, en garantissant que tous les travailleurs (y compris ceux en sous-traitance) disposent d'équipements de protection individuelle adéquats et reçoivent une formation régulière et approfondie.

Bruno Nsaka

 

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