En déplacement à Kinshasa depuis mardi 29 avril 2025, le représentant de l’Union européenne pour la région des Grands Lacs, Johan Borgstam, a échangé avec la Première ministre congolaise, Judith Suminwa, ce mercredi 30 avril 2025, en présence de la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner. Lors de leur entretien, Johan Borgstam est revenu sur les 100 tonnes d’aide humanitaire déployées par l’Union européenne en appui aux populations déplacées de l’Est de la République démocratique du Congo.
« L’ambassadeur Johan Borgstam a aussi abordé la situation humanitaire. À cet effet, il a eu des échanges avec le chef de délégation du CICR et des responsables de Médecins Sans Frontières. L’UE a récemment organisé un pont aérien pour acheminer de l’aide humanitaire à hauteur d’un million d’euros à Goma, afin de porter assistance aux personnes affectées par le conflit », peut-on lire dans un communiqué.
Ce déplacement s’est effectué dans un contexte marqué par les négociations à Doha en vue de la signature d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda, pour rétablir la stabilité et favoriser une intégration régionale bénéfique aux investissements américains, conformément à l’esprit de la déclaration de principes récemment ratifiée entre Kinshasa et Kigali.
L’Union européenne, par la voix de son représentant, a salué ces avancées significatives sous médiation américaine.
Cependant, la position de l’UE sur la résolution du conflit dans l’Est de la RDC reste ambiguë, malgré ses récentes sanctions contre certains responsables du M23. Le 22 mars 2025, Maxime Prévot, ministre belge des Affaires étrangères, a déclaré que l’Union européenne n’avait « absolument aucune intention » de suspendre son accord avec le Rwanda, malgré le soutien de Kigali aux rebelles du M23 dans la déstabilisation de l’Est congolais.
Preuve en est, l’UE reste liée au Rwanda par l’accord sur la chaîne d’approvisionnement en minerais stratégiques, signé en février 2024, malgré une résolution adoptée à la majorité en février 2025 par le Parlement européen demandant son annulation, en raison du soutien rwandais au M23.
Par cette résolution, le Parlement européen a même recommandé à la Commission de l’UE, aux institutions financières internationales et aux États membres de geler l’aide directe au Rwanda. Aucune mesure concrète n’a toutefois été prise, à l’exception de la Belgique, qui a clairement dénoncé le soutien de Kigali – une position ayant entraîné la rupture de ses relations avec le Rwanda.
Cet accord continue de diviser l’Union européenne. En mars dernier, le député européen Thierry Mariani avait estimé qu’il transformait l’Europe en « receleur de matériaux volés ».
Jean-Baptiste Leni
