En perspective de l'accord attendu le 2 mai prochain à Washington entre la RDC et le Rwanda, qui vise le retour de la paix dans l'Est du pays, une quarantaine d'acteurs politiques, défenseurs des droits de l'homme et chercheurs, vivant au pays et à l'étranger, appellent Félix Tshisekedi, président de la RDC, à ne pas brader les ressources du pays, et celles des générations futures, au régime de Kigali dans le cadre de l'intégration économique régionale.
Dans une lettre ouverte au président de la République rendue publique ce mercredi 30 avril, ces personnalités mettent l'accent sur des dispositions constitutionnelles consacrant la souveraineté nationale de la RDC pour lancer cet appel au président Tshisekedi.
« Nous vous invitons donc à ne pas sacrifier les minerais congolais, à inclure la justice transitionnelle dans tous les efforts déployés pour restaurer et consolider la paix », écrivent-ils.
Ils soulignent également la nécessité de faire participer toutes les forces vives de la nation à des discussions pour la paix, ainsi que l'implication des institutions comme l'Assemblée nationale qui représente le peuple, afin de « défendre exclusivement les intérêts du peuple congolais souverain ».
Dans cette lettre, ces personnalités parmi lesquelles Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, estiment que les minerais stratégiques de la RDC, souvent désignés comme « minerais de sang ou de conflit », ont désormais « vocation à être transformés en minerais pour le développement et la paix ».
« En effet, les parcs nationaux et les ressources naturelles dont regorge notre pays peuvent contribuer à la paix, mais sous certaines conditions », peut-on lire dans la lettre.
Ainsi, ces personnalités appellent le président de la République à la vigilance dans cette crise « multidimensionnelle » caractérisée par la « négligence internationale », dans un contexte de « rivalités géopolitiques pour l'accès à nos immenses ressources minérales qui sont impératives pour la révolution numérique, la transition énergétique et l'industrie spatiale et de la défense dans un monde de plus en plus incertain ».
Par conséquent, ces personnalités rappellent la phrase historique du feu pape François, devenue emblématique :
« Retirez vos mains de la République démocratique du Congo, retirez vos mains de l'Afrique ! Cessez d'étouffer l'Afrique : elle n'est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser ».
Bruno Nsaka
