Un groupe d’opposants, constitué de Lubaya Claudel, député honoraire, et Seth Kikuni Masudi, autorité morale du parti politique « Piste pour l’émergence », ainsi qu’un groupe d’acteurs de la société civile, Jean Jacques Lumumba, militant anti-corruption, et Bienvenu Matumo, militant de la Lucha, ont, dans un communiqué conjoint parvenu ce samedi 22 mars 2025 à Deskeco, dénoncé l’accord sur le contrat minier que veut octroyer le président de la République, Félix Antoine Tshisekedi, à Donald Trump, président des États-Unis, en vue de bénéficier d’un soutien des États-Unis dans la crise de l’insécurité qui secoue la partie orientale de la RDC, notamment au Nord et Sud-Kivu.
Dans leur correspondance, ils estiment que cet accord n’est qu’un bradage de minerais congolais que l’actuel président veut octroyer pour sauver son pouvoir.
« Le président Tshisekedi semble prêt à tout, y compris à marchander par des accords obscurs la survie de son pouvoir avec l’administration Trump par le troc des ressources naturelles tant convoitées de la RDC. Il voudrait ainsi, à l’instar de Mobutu dans les années sombres de la guerre froide, devenir le nouvel agent américain », déclarent-ils.
Pour ces groupes, cette démarche n’est pas à saluer et compromet l’avenir de la RDC.
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Au-delà de cette approche, ces acteurs politiques et de la société civile estiment que cette démarche va à l’encontre de la constitution, loi fondamentale du pays.
« Sur quelle base le président congolais s’arroge-t-il le droit de prendre des décisions susceptibles de compromettre l’avenir de notre peuple et ce, en contradiction avec l’article 214 de la constitution ? Les ressources de la RDC, notamment le cobalt, le cuivre et d’autres minerais stratégiques, sont non seulement vitales à l’économie nationale, mais également au développement durable du pays », précisent-ils.
Pour eux, ces négociations révélées récemment entre Félix Tshisekedi et la nouvelle administration des États-Unis soulèvent des « inquiétudes quant à la transparence et à l’éthique de ces accords ».
Il n’y a pas que ce groupe d’acteurs ; dans un communiqué publié le 12 mars 2025, l’ONG Justicia avait également dénoncé le bradage si cet accord sur les minerais congolais parvenait à voir le jour. Elle avait plutôt exhorté à l’amélioration de la gouvernance minière en République démocratique du Congo.
Une autre structure à avoir dénoncé le risque de bradage est l’Observatoire d’étude et d’appui à la responsabilité sociale et environnementale (OEARSE), qui, elle, appelait, dans un entretien à Deskeco, à privilégier, dans le cadre de ces négociations, le respect du code minier congolais.
De sa part, dans une interview accordée à Fox News, un média américain connu pour sa proximité avec la nouvelle administration de la Maison Blanche, et au Journal Le Figaro mercredi 19 mars, Félix Tshisekedi, président de la RDC, a confirmé ces négociations, en rejetant toute accusation de bradage pour sauver son fauteuil.
« Le but est d’obtenir un partenariat gagnant-gagnant, qui permettra à la RDC de transformer ses minerais localement, de créer de la valeur ajoutée, de constituer une chaîne de valeurs », avait précisé le chef de l’État congolais au journal Le Figaro.
Jean-Baptiste Leni