Guerre dans l’Est de la RDC : pourquoi Luxembourg bloque les sanctions contre Kigali au niveau de l’Union européenne ? (explication)

Paul Kagame, président du Rwanda
Paul Kagame, président du Rwanda
PAR Deskeco - 12 mar 2025 16:49, Dans Actualités

Dans une sortie médiatique la semaine dernière, le député européen Thierry Mariani a expliqué la vraie raison pour laquelle Luxembourg a bloqué les sanctions de l’Union européenne contre le Rwanda pour son soutien aux rebelles du M23 dans l’Est de la RDC.

Selon Thierry Mariani, la véritable raison est plutôt économique. Luxembourg et le Rwanda sont en train de mettre en place, depuis 2021, un important projet économique de création du « Kigali International Finance Center », qui va nécessiter des millions d’investissements. Qu’est-ce que c’est ?

« C’est un investissement à hauteur de 9,3 millions d’euros signé en 2021 pour, je cite : stimuler le secteur privé rwandais et attirer les investissements étrangers. Pour piloter ce projet, on retrouve Tidjane Thiam, ancien de chez McKinsey, super banquier international », déclare Thierry Mariani.

Tidjane Thiam, Ivoirien et leader dans plusieurs autres entreprises telles que Company, Prudential et Crédit Suisse, va donc piloter ce projet grâce à l’expertise bancaire luxembourgeoise, explique-t-il.

Il précise qu’en réalité, la création de ce centre financier est « une opération de blanchiment d’images pour un régime sanguinaire de Kigali, qui prospère et s’enrichit sur le chaos régional, l’exploitation illégale de richesses congolaises et le massacre des populations de l’Est de la RDC ».

Thierry Mariani a, par ailleurs, dénoncé l’inactivité de l’UE face à cette atrocité du Rwanda en RDC.

 « L’Europe a trop attendu sur ce dossier, nous devons agir vite. En RDC, il faut sauver des vies. »

Il appelle également à mettre fin à l’accord sur les minerais stratégiques conclu en février 2024 entre l’UE et le Rwanda. 

« Un accord que je vous rappelle nous transforme au niveau de l’Union européenne en receleur de matériaux volés », regrette-t-il.

Pour rappel, le 13 février 2025, le Parlement européen a voté massivement une résolution pour exiger que l’Union européenne prenne des mesures de sanctions contre le président rwandais Paul Kagame, et aussi pour suspendre l’accord qu’elle a conclu en février 2024 avec Kigali sur la transaction de minerais critiques.

Bien que votée massivement, avec 443 voix sur 495 votants, cette résolution a été, le 25 février 2025, douze jours après son vote, bloquée par Luxembourg, l’un des pays membres de l’Union européenne, qui a exercé son droit de veto pour empêcher la mise en œuvre de l’accord.

Luxembourg avait exigé de l’UE d’attendre la tenue, le 28 février dernier, d’une réunion ministérielle conjointe entre la Communauté de développement d’Afrique Australe (SADC) et la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC), qui devait aboutir à une piste de sortie de crise.

« Si on prend des sanctions aujourd’hui, quel est le risque ? C’est que les parties ne se sentiront pas motivées à faire les efforts nécessaires », avait prévenu Xavier Bettel, ministre des Affaires étrangères du Luxembourg.

Mais malheureusement, le 28 février 2025, la réunion entre la SADC et l’EAC a été avortée en raison du refus des deux parties, rwandaise et congolaise. Les deux parties avaient affirmé ne pas avoir reçu l’invitation à participer.

Jean-Baptiste Leni

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