Intervenant à la 37e session spéciale du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies à Genève, ce vendredi 7 février 2025, sur les dernières escalades du M23 au Nord et au Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, la représentante du secrétaire général des Nations Unies en RDC, Bintou Keita, a tiré la sonnette d'alarme sur les conséquences économiques graves de ces escalades, particulièrement dans la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu et ses environs.
Dans son intervention, elle explique que les affrontements entre les forces armées de la RDC et le M23 ont affecté les activités économiques dans la région, poussant la population à abandonner ses champs et ses travaux miniers, qui constituent les principales sources de revenus.
Bintou Keita déplore également l’inactivité des institutions judiciaires à ce moment dans la région, suite aux dommages qu'elles ont subis, et craint, de ce fait, la croissance de l'impunité dans cette partie du pays, en proie à l'insécurité.
« L'économie de la province du Nord-Kivu a également été affectée par le conflit. Les activités agricoles et minières, principales sources de revenus pour la population et le gouvernement provincial, sont paralysées. En même temps, la lutte contre l’impunité des crimes graves, promue par les autorités nationales, risque d’être fortement entravée par les dommages causés aux institutions judiciaires de Goma », prévient-elle.
La situation est tout de même préoccupante. À Goma, par exemple, ces escalades ont conduit au pillage des magasins, boutiques, pharmacies, entreprises et entrepôts. Dans un communiqué publié mardi 4 février dernier, le Programme alimentaire mondial en République démocratique du Congo, cette organisation des Nations Unies qui s’occupe de l’alimentation, a déploré le pillage de plusieurs tonnes de denrées alimentaires dans ses entrepôts dans la ville de Goma, qui devaient servir à prendre en charge les déplacés.
« Le PAM RDC condamne le pillage de plusieurs tonnes de denrées alimentaires dans ses entrepôts à Goma, prévues pour aider les familles vulnérables. Les stocks pillés étaient composés notamment de farine de maïs, de petits pois, d’huile végétale, de sel iodé, de haricots, de biscuits énergétiques et de compléments nutritionnels vitaux pour les patients souffrant de malnutrition, ainsi que pour les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes », pouvait-on lire.
La représentante du secrétaire général des Nations Unies en RDC, Bintou Keita, a, par ailleurs, indiqué que, face à cette détérioration de la sécurité, des mesures urgentes pour stabiliser la région, rétablir la paix et permettre une reconstruction durable sont un « impératif ».
Suite à cette détérioration, un sommet EAC-SADC est prévu ce samedi 8 février 2025 en Tanzanie, après l’échec du précédent sommet EAC, et va regrouper les présidents congolais et rwandais, ainsi que d’autres organisations parties prenantes, pour tenter de trouver des solutions pour la stabilisation du territoire congolais.
Jean-Baptiste Leni
