Monsieur le Vice-Premier ministre,
Je vous adresse mes plus sincères félicitations pour votre nomination au poste de Vice-Premier ministre et ministre de l'Économie sous le gouvernement dirigé par Madame Judith Tuluka Suminwa. Cette responsabilité illustre non seulement un engagement envers notre patrie, mais aussi une occasion de redéfinir notre trajectoire économique et sociale.
L'amour de notre terre se manifeste de mille façons, et c'est dans cette diversité d'approches économiques que nous trouvons notre reflet. Tandis que beaucoup de mes compatriotes voient le développement à travers le prisme de la simple subsistance, je crois fermement que notre richesse réside dans l'enrichissement des esprits et l'autonomisation des individus. La prospérité ne se limite pas à remplir les estomacs mais à élever la qualité de la conscience, à offrir la liberté de choisir et à garantir que chacun puisse décider de son propre chemin, ou décider de se remplir le ventre ou pas.
Votre focus sur le secteur agricole, bien que louable, semble se mouler dans des schémas coloniaux, préconisant une approche centrée sur la satisfaction des besoins alimentaires. À mes yeux, une telle perspective ignore la nécessité d'une transformation plus profonde, une mutation de la politique économique nationale qui transcende les besoins immédiats pour embrasser des visions plus audacieuses. L'éducation de qualité, l'accès à des soins de santé dignes, et une introspection systémique sont les pierres angulaires d'un avenir véritablement prospère. Les slogans superficiels tels que la réduction de la pauvreté, la lutte contre la corruption ou la création d'emplois ne font qu'alimenter le populisme croissant en RDC.
Pour construire une économie dynamique, il est impératif de comprendre la délicate alchimie entre l'expansion monétaire et la stabilité. Comment augmenter la masse monétaire sans déclencher une inflation dévastatrice ? Comment garantir que chaque citoyen bénéficie équitablement des fruits de cette expansion ? La prospérité véritable de notre nation repose sur un équilibre entre croissance économique et justice sociale.
Votre orientation vers l'entrepreneuriat comme un simple apprentissage à travers des séminaires pourrait négliger le rôle crucial des commerçants, piliers essentiels de notre économie. La RDC, riche en potentiel mais entravée par des défis persistants, se trouve à un carrefour décisif. Stabiliser les prix et établir une base financière solide sont nécessaires mais ne suffisent pas. La modernisation économique doit aller au-delà de ces aspects et inclure des réformes audacieuses qui bouleversent les paradigmes établis.
En revisitant certaines propositions que j'avais adressées à votre prédécesseur, aujourd'hui président de l'Assemblée nationale, je souhaite souligner que bien que nos philosophies économiques diffèrent, ma démarche est animée par une volonté sincère de contribuer à notre avenir commun. Les critiques que je formule vis-à-vis de la rigueur budgétaire et des politiques fiscales actuelles visent à proposer une alternative plus équilibrée, qui ne repose pas uniquement sur des augmentations de taxes ou des restrictions budgétaires, mais sur une vision plus nuancée de la gestion économique.
L'exemple des grandes économies, comme les États-Unis par exemple Les données du Fonds Monétaire International (FMI) pour 2021 révèlent un déficit de 3,1 billions de dollars sur un budget de 6,5 billions, de même que le Japon ou l'Allemagne, qui accumulent des déficits élevés pour soutenir leurs programmes sociaux et infrastructurels, nous montre que des déficits, bien que souvent critiqués, peuvent être des leviers pour la croissance et l'innovation.
Le salaire minimum, également, est un facteur crucial du succès ou de l'échec de toute économie, y compris pour tricher dans les pays développés, doit être réévalué pour refléter les besoins fondamentaux des travailleurs et éviter les dérives économiques.
L'allocation des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) met en lumière les biais du FMI : les pays riches obtiennent une part disproportionnée, tandis que les nations les plus pauvres, qui en ont le plus besoin, en reçoivent une fraction minime. Dans ce contexte, je vous exhorte à soutenir mon initiative visant à repenser la raison d’être du FMI. Pour remédier à ces inégalités économiques mondiales, nous devons adopter des solutions innovantes qui affrontent les déséquilibres systémiques et offrent des opportunités plus justes à toutes les nations. Cela nécessite une compensation financière permettant aux pays plus pauvres d’investir dans les infrastructures, l’éducation et les initiatives de développement axées sur les énergies renouvelables.
Les outils monétaires modernes, tels que l'argent scriptural et les innovations financières comme M-Pesa au Kenya, illustrent le potentiel de la modernisation financière. En tant que nation, nous devons adapter nos régulations pour permettre à ces innovations de prospérer. Dans l’esprit du « laissez-faire », la Banque centrale devrait se cesser de réguler le secteur des passerelles de paiement afin de favoriser une dynamique économique innovante et inclusive. Il est crucial de soutenir la modernisation des entrepreneurs congolais en RDC, en particulier des commerçants, qui sont essentiels pour le développement économique.
La guerre à l'est de la RDC dure depuis trop longtemps, causant des ravages incommensurables et sacrifiant des vies précieuses. La solution se trouve au sein de votre département. Depuis lors que j'en appelle donc au gouvernement congolais pour qu'il lance une initiative économique capable de résonner à la fois au niveau régional et international. À cet égard, des sanctions économiques devraient être envisagées, interdisant aux citoyens congolais et aux entreprises enregistrées en RDC de commercer avec des citoyens rwandais ou des sociétés établies au Rwanda. Bien que la mise en œuvre de telles mesures puisse s'avérer complexe, elles pourraient engendrer des répercussions significatives sur l'économie mondiale, favorisant ainsi une prise de conscience et une réévaluation globale de cette situation cruciale. Une victoire devrait être suivie d'une réforme en profondeur des structures sociales et économiques à l’est de la RDC pour garantir une paix durable ; il serait donc nécessaire de considérer mon projet de la correction de la constitution de 2006 mais aussi la mise en place d'un véritable plan Marshall pour cette région.
Je vous invite vivement à soutenir mon initiative pour une révision constitutionnelle visant à dédollariser notre économie ; mon équipe est actuellement en train de recueillir des signatures pour cette pétition cruciale. Une première étape essentielle c’est dédollarisation du secteur publique et consisterait à stipuler que les frais et taxes publics, ainsi que le budget de l'État, doivent être exclusivement libellés en monnaie nationale. De plus, toutes les transactions effectuées par les institutions publiques, ou pour leur compte, devraient se faire uniquement en monnaie nationale. Il est également impératif d'interdire l'indexation des frais, taxes ou budgets publics sur une devise étrangère. Ces mesures renforceront notre souveraineté économique et assureront une gestion plus efficace de nos ressources.
Par-dessus-tout, un recensement national doit être réalisé pour fournir des données précises et actualisées. Cela permettra d'élaborer une feuille de route sociale et économique plus scientifiquement fondée et adaptée aux besoins réels de la nation.
Je vous invite, Monsieur le Vice-Premier ministre, à prendre ces suggestions en considération avec l'attention qu'elles méritent, pour initier des réformes courageuses qui orienteront notre pays vers un avenir plus juste et prospère.
Veuillez agréer, Excellence Monsieur le Vice-Premier ministre, l'expression de mes salutations les plus patriotiques.
Jo M. Sekimonyo