RDC : l'ODEP et l'ASADHO plaident pour la convocation d'urgence des états généraux de l'éducation et proposent des réformes pour redresser ce secteur

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Photo d'illustration
PAR Deskeco - 24 aoû 2023 06:41, Dans Actualités

63 ans après l'indépendance, la société civile congolaise questionne le secteur éducatif congolais et propose quelques grandes réformes et des mesures immédiates à prendre pour son redressement. 

En effet, dans un document conjoint publié mardi 23 août, l'Observatoire de la dépense publique (ODEP) et l'Association africaine de défense des droits de l'Homme (ASADHO) évoquent la nécessité de convoquer d'urgence les états généraux de l'éducation. Ce document conjoint est axé sur la réflexion à entreprendre pour construire un projet éducatif de décolonisation mentale et culturelle afin de créer les conditions du développement "indépendant, autocentré et autodéterminé" de la RDC. 

Florimond MUTEBA explique la nécessité de la tenue des états généraux de l'éducation pour une nouvelle école en RDC. 

"Concernant les États généraux de l'éducation, le pouvoir ne l'ayant pas fait, nous allons le faire dans le cadre de la Conférence nationale pour la reconstruction du Congo où nous comptons réaliser un énorme atelier consacré au secteur éducatif. Nous allons d'abord corriger la vision qui va permettre d'élaborer les politiques éducatives mieux adaptées pour accompagner le développement du Congo. Former pour le développement des jeunes devrait être quoi ? C'est formé la jeunesse à l'autonomie tant politique, économique et socio-culturel. C'est formé les Hommes de telle sorte que leur créativité sociale soit renforcée et fortifiée. C'est rendre les congolais capables d'assumer la responsabilité et la progression de leur propre niveau de vie, de l'élévation de leur niveau de conscience. L'école nouvelle doit doter le pays des hommes capables de contribuer à la maîtrise du territoire national et de sa mise en valeur...", explique-t-il. 

Les deux ONG congolaises définissent les cinq mesures importantes a évoqué pendant ces fameux états généraux de l'éducation qu'elles souhaitent. 

Ci-dessous, les 5 mesures proposées par l'ODEP et l'ASADHO. 

1. Les  programmes

La création ou la réanimation d’un Centre d’Elaboration des Programmes. Le corps des inspecteurs devra tenir compte, selon un calendrier précis, de trois éléments du programme :
Le programme prévu (le contenu du programme d’enseignement ou la liste des objectifs pédagogiques) ; le programme appliqué (ce que le maître enseigne dans la pratique) ; le programme accompli (ce que les enfants apprennent réellement).

Le Centre d’Elaboration des Programmes veillera aussi à l’étude comparée des programmes des pays étrangers et à lier de près l’évolution des programmes à celle de la société. La priorité sera accordée aux programmes scientifique et technique.

2. Les  enseignants

Les conditions de travail : la revalorisation des salaires, tout en veillant aux équilibres fondamentaux d’une économie en pleine restauration et de revoir aussi les statuts qui régissent leur travail.

Cette mesure est destinée à revaloriser l’image de l’enseignant et à leur redonner cet enthousiasme perdu : créer un cadre juridique et des facilités bancaires pour encourager la création des coopératives, d’un centre d’assurance maladie et d’une caisse d’épargne.

La formation des maîtres : veiller à ce que progressivement le niveau des enseignants soit post-secondaire (ISP et IST). L’organisation systématique des stages des maîtres doit assurer une formation pédagogique efficace.

3. Les installations éducatives et les matériels didactiques

La remise en état des écoles existantes et la construction de nouvelles écoles ; ce qui suppose la mise en place des équipements (tableaux noirs, bureaux, matériels pour les expériences scientifiques et à long terme des équipements audio-visuels), les installations sanitaires, l’alimentation en eau potable, l’éclairage, la ventilation et les équipements des salles de classe.

La gestion des écoles implique la formation des chefs d’établissements mais aussi la motivation des enseignants, l’organisation de l’emploi du temps, l’allocation et l’obtention des ressources financières. Les enseignants doivent créer un cadre de travail et de consultation avec les parents afin que l’école devienne une force positive et bien intégrée au sein de la communauté. Le contrôle citoyen des comités de gestion des écoles s’impose.

L’achat et la production des manuels scolaires.

L’instauration des bibliothèques et des centres de documentation et d’information. Veiller à la formation des bibliothécaires (post-secondaire).

4. Le  réaménagement du temps scolaire

Pour réussir la formation d’un élève, il faut inclure dans son capital un volume temporaire indispensable à toute acquisition des connaissances. C’est la distribution réfléchie de ce temps qui explique l’aménagement du cursus, de l’année scolaire et des horaires quotidiens. Il est nécessairement lié au volume du savoir dispensé et à la croissance de l’enfant.

On considère que ce temps scolaire est organisé en tenant compte de l’histoire, de la culture, des saisons dans chaque pays du monde. Cependant, le système actuel, servi par l’habitude, identique en Europe et en Afrique (début septembre et fin juin ou juillet) ne doit pas faire oublier son caractère extraverti, son origine imposée et son fonctionnement, parfois, incompatible avec les traditions du pays. L’Etat, formateur, ne doit pas éluder l’épineux problème d’absentéisme scolaire qui tire aussi sa source de cette équivocité culturelle.

La coïncidence du temps scolaire avec les cultures congolaises n’empêche pas l’attention qui doit être portée aux expériences pédagogiques menées dans d’autres pays. On doit passer de l’uniformité à un aménagement réfléchi du temps scolaire.

5. La  création d’une ou des unités de contrôle

L’école rénovée ne pourra fonctionner que dans un espace politique décentralisé où les initiatives des hommes comptent plus que le diktat d’une administration tentaculaire et inefficace. Mais à tous les niveaux et pendant de courtes périodes, des évaluations s’avèrent indispensables pour le bon fonctionnement de tout le système. Les contrôles seront réalisés par corps d’inspection : le corps de contrôleurs des installations éducatives ; le corps de contrôleurs administratifs et financiers, travaillant en collaboration étroite avec le Ministère des Finances,  le corps des inspecteurs pédagogiques. 

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