L’Observatoire de la dépense publique (ODEP) continue de fustiger les propos de Jules Alingete, chef de service à l’Inspection générale des finances (IGF), qui a rejetté les allégations selon lesquelles les dépassements budgétaires régulièrement enregistrés à la Présidence de la République serait un détournement ou un acte de mauvaise gestion.
Pour le PCA de l'ODEP, Florimond Muteba, le chef de service de l'IGF Jules Alingete est devenu le chantre et l'apôtre de l'indiscipline budgétaire. Il continue de rappeler que le dépassement budgétaire est une faute grave de gestion.
"J'ai le regret que l'Inspecteur général de l'IGF est devenu le chantre et l'apôtre de l'indiscipline budgétaire ou mauvaise gouvernance et non de l'orthodoxie dans la gestion des finances de l'Etat. En justifiant les dépassements budgétaires à la présidence, Jules Alingete plonge le pays dans l'indiscipline budgétaire. Il plonge les gouverneurs de provinces, les ministres, les PDG des entreprises, les Recteurs des Universités, les gestionnaires des institutions publiques, tous, dans les dépassements et l'indiscipline budgétaire. Au lieu d'être l'apôtre de l'orthodoxie. Étant le plus haut fonctionnaire de cette deuxième institution supérieure des contrôles, comment pourra-t-il contrôler la présidence qu'il est en train de défendre à grands cris. C'est dommage que l'inspecteur Jules Alingete tiennent de tels propos", a-t-il dit à ACTUALITE.CD et DESKECO.COM.
Florimond Muteba précise que le dépassement budgétaire est condamné par la Loi des Finances Publiques (LOFIP). Il explique également de façon laconique, ce qu'il faut savoir sur le dépassement budgétaire.
"Les dépassements budgétaires, c'est lorsqu'on vous donne un crédit légalement par le budget ou la loi votée par le parlement mais vous préférez aller au-delà de ce crédit en violation de la LOFIP (Loi des Finances Publiques) qui parle de la limitation des crédit budgétaires et qui les considère comme des fautes de gestion. Et pour lesquels, il n'y a pas lieu de trouver des exceptions car il s'agit des fautes graves de gestion", a-t-il insisté.
Le PCA de l'ODEP dresse 12 observations qu’inspirent les dépassements budgétaires. Il s'agit de :
1. La non crédibilité du budget. Quand comme en 2020 on prévoit un budget de 11 milliards de dollars et qu’on ne mobilise que 3,7 milliards, les plus puissants chercheront à consommer des crédits initiaux mal évalués et les secteurs pro-pauvres vont être sacrifiés ; 2. L’indiscipline budgétaire ; 3. Le non-respect de la procédure de décaissement des fonds selon la chaîne de la dépense ; 4. Le dépassement des allocations budgétaires des institutions et ministères de souveraineté au détriment des ministères à caractère social et économique ; 5. Le manque de réalisme du budget oblige le gouvernement à réajuster ses ambitions pour les aligner sur ses capacités réelles de financement afin d’éviter d’affaiblir tout l’ensemble du processus budgétaire ; 6. Le déficit du suivi et de contrôle par le parlement, l’IGF, et la Cour des Comptes dans l’exécution du budget ; 7. Le manque de poursuites pour sanctionner des personnes impliquées dans le non-respect des procédures ; 8. Plus des moyens pour les institutions et très peu pour les secteurs pro-pauvres ; 9. La non prise en compte du principe sacré de la justice distributive ; 10. L’impossibilité de mettre en œuvre les belles orientations du plan national stratégique de développement ; 11. La non prise en compte des recommandations de la Société civile pour améliorer la gouvernance budgétaire ; 12. Le dépassement budgétaire est un indice de probable vol de Fonds Publics et de corruption.
L’observatoire persiste qu’une telle gouvernance budgétaire assise sur des telles faiblesses ne peut permettre ni de créer de richesses, ni d’améliorer les conditions sociales de la population. Encore moins d’être susceptible de rendre effective la décentralisation, telle que prévue par la constitution.
Notons que lors du briefing avec Patrick Muyaya, samedi 23 octobre dernier, Jules Alingete Key, rejetant les allégations de détournement et de mauvaise gestions dans les dépassements budgétaires observés à la présidence, a déclaré qu’il y a dépassement budgétaire lorsque les paiements se font en procédure d’urgence surtout lorsqu'il s'agit de régler des questions impératives liées à la bonne marche du pays. Bien plus, il a précisé qu’après chaque dépassement, les missions de contrôle constatent réellement que les fonds sortis du trésor public ont été réellement affectés pour des causes qui sont justes.
Jordan MAYENIKINI