L’Observatoire de la dépense publique (ODEP) a réagi à la suite de l’intervention de Jules Alingete, chef de service à l’Inspection générale des finances (IGF) qui, lors d’un briefing conjoint avec le porte-parole du gouvernement, a rejeté les allégations selon lesquelles les dépassements budgétaires régulièrement enregistrés à la Présidence de la République serait un détournement ou un acte de mauvaise gestion.
Dans un communiqué de presse, ODEP accuse l’IGF de couvrir une gabegie financière et fait savoir, de son côté, que les dépassements budgétaires à la Présidence de la République ne sont pas accidentels plutôt qu’ils sont devenus une culture et un mauvais exemple.
« L’opinion nationale et internationale doit retenir que les dépassements budgétaires à la Présidence de la République ne sont pas accidentels. Ils sont devenus une culture et un mauvais exemple venu d’en haut pour tous les gestionnaires des finances de l’Etat dans tout le pays », dit le communiqué de presse d’ODEP.
Et de poursuivre :
« A fin septembre par exemple, plusieurs institutions ont épuisé leur budget annuel. La présidence a dépensé 253,7 millions $ contre les crédits votés de 159,8 millions $, dégageant un dépassement de 93,9 millions $, soit 111%. En 2020, la même institution avait connu des dépassements : 177,8 millions $ utilisés contre les prévisions de 158,9 millions $, soit un dépassement de 18 millions $ ».
Pour l’ODEP, ces dépassements budgétaires sont en partie liés au nombre pléthorique de personnels à la Présidence de la République et la création de plusieurs services publics « budgétivores ».
« Ces ouvertures des crédits sont justifiées en partie par le nombre pléthorique du personnel politique recruté dans le cabinet du Président de la République. De 445 en 2019 à 1.018 en 2021; et bientôt 1.096 en 2022. Par ailleurs, une dizaine de services publics budgétivores ont été créés pendant la même période et rattachés à la Présidence, jouant le même rôle que l’administration publique voir même le gouvernement légalement investi par le Parlement », poursuit le communiqué de l’ODEP.
Et d’ajouter :
« Ainsi, depuis le mois d’Août 2021, la Présidence engage les dépenses sans disponibilité des crédits. Conséquences, toutes les recettes additionnelles sont utilisées pour le fonctionnement, surtout dans des voyages du Président. En parallèle, les investissements nagent entre 3% à 5% des dépenses publiques ».
L’observatoire note qu’une telle gouvernance budgétaire assise sur des telles faiblesses ne peut permettre ni de créer de richesses, ni d’améliorer les conditions sociales de la population. Encore moins d’être susceptible de rendre effective la décentralisation, telle que prévue par la constitution.
Lors du briefing avec Patrick Muyaya, samedi 23 octobre dernier, Jules Alingete Key, rejetant les allégations de détournement et de mauvaise gestions dans les dépassements budgétaires observés à la présidence, a déclaré qu’il y a dépassement budgétaire lorsque les paiements se font en procédure d’urgence surtout lorsqu'il s'agit de régler des questions impératives liées à la bonne marche du pays. Bien plus, il a précisé qu’après chaque dépassement, les missions de contrôle constatent réellement que les fonds sortis du trésor public ont été réellement affectés pour des causes qui sont justes.