La Cellule d’Exécution des Financements en Faveur des États Fragiles (CFEF), en partenariat avec la Banque centrale du Congo (BCC) et la Banque mondiale, organise à Kinshasa un atelier national de validation de l’Avant-Projet de Loi sur les coopératives d’épargne et de crédit dans le cadre du Projet de Développement des Infrastructures Financières et des Marchés (PDIFM).
Cet atelier est une suite des réflexions lancées, il y a une semaine à Goma et Bukavu, pour les acteurs du secteur de la microfinance du Nord et du Sud-Kivu. A cet effet, les parties prenantes du secteur de la microfinance ont eu l’occasion de donner leurs avis et considérations sur le Projet de Loi préparé par le G-40, un groupe d’experts multidisciplinaires mis en place par la Banque centrale du Congo pour piloter la réforme en vue de la nouvelle loi sur les coopératives.
« L’atelier qui démarre aujourd’hui devra permettre au G-40 d’affiner l’avant-Projet de Loi en intégrant les observations pertinentes des acteurs non consultés à ce jour, afin de disposer d’une Loi qui tienne compte des meilleures pratiques de la microfinance et assure la promotion et le développement harmonieux du secteur », a déclaré le Directeur général de la Banque centrale, Kayembe wa Kayembe, dans son discours à l’ouverture de cet atelier national à l’Hôtel Sultani de Kinshasa.
La loi qui régit le secteur des coopératives d’épargne et de crédit actuellement date d’il y a 18 ans et a montré ses limites au regard des avancées observées à travers le monde dans le secteur de la microfinance, des meilleures pratiques de l’heure et par rapport à l’adhésion de la RDC à l’OHADA.
De son côté, Didier Muderwa, Chargé des opérations du Projet de développement des infrastructures financières et des marchés, a indiqué que cet atelier national de mise à niveau de la Loi sur les coopératives d’épargne et crédit rentre dans le cadre du PDIFM qui est un projet du gouvernement, avec l'assistance technique et financière de la Banque mondiale, mais mis en œuvre par la Cellule d'exécution des Financements en faveur des Etats Fragiles, une structure du ministère des Finances.
« Nous avons au niveau du projet senti la nécessité d’apporter une aide à la Banque centrale pour réguler le secteur de la microfinance qui a connu beaucoup de problèmes dans notre pays. Depuis 15 ans, le nombre des établissements de crédit ou de coopératives de microfinance qui ont été fermés sont nombreuses parce qu’il y a eu un engouement au niveau de ces institutions mais la gouvernance a posé problème. Il y a eu tellement des institutions qui ont collecté l’épargne publique mais qui sont tombées en faillite à cause de la mauvaise gouvernance de ces institutions. C’est ainsi que nous avons apporté notre appui à la Banque centrale qui vise à remodeler le secteur de la microfinance, des coopératives, en mettant en place une supervision basée sur des risques », a expliqué Didier Muderwa.
Le PDIFM a pour objectif de moderniser les infrastructures du secteur financier et d’accroitre le financement pour les petites et moyennes entreprises. C’est dans ce cadre que la CFEF a permis à la Banque centrale de se doter des infrastructures techniques de contrôle du secteur financier dans son ensemble.
« Avec l’appui de la CFEF, la Banque centrale ne va plus attendre d’être mis devant le fait accompli. Parce que la Banque centrale se dote des instruments techniques de contrôle qui lui permettent d’anticiper sur la déroute de ces institutions. Ces institutions doivent envoyer régulièrement un certain nombre de rapports dont des éléments d’appréciation à travers la direction de la Supervision des intermédiaires financiers. Et donc, la Banque centrale peut détecter, à la vue de certains ratios, les dangers qui se présentent. Nous avons apporté notre appui pour que la Banque acquiert des connaissances, des compétences, et renforce ses capacités de prévention de risque systémique ou de de faillite qui se répercutera sur des déposants. Déjà les populations sont démunies. Si la Banque centrale n’intervient pas c’est leurs épargnes qui seront affectées. Une fois qu’elles perdent leur argent, ces populations retombent dans la misère. C’est ce qu’on veut éviter en apportant un appui à la Banque centrale », a ajouté Didier Muderwa.
Bien plus, avec cette technologie que se dote l’Autorité de régulation du secteur financier en RDC pourra faciliter l’interopérabilité des acteurs notamment dans l’utilisation des cartes bancaires.
« Nous allons permettre à la Banque centrale d’acquérir un certain nombre d’infrastructures financières parce qu’elle contribue à la circulation de la monnaie, à la meilleure régulation du marché. Le switch monétique est une infrastructure qui permet le développement de la monétique en RDC à travers les cartes de crédit et l’agent mobile. Avant, chacun devrait retirer de l’argent qu’au distributeur de billets de sa banque. Avec le switch monétique, toutes les opérations doivent pouvoir passer, et être suivies par la BCC. Ceci va permettre de lutter contre l’argent sale. Cette infrastructure permettra à terme de ne plus avoir des cartes privatives. Aujourd’hui, à moins d’avoir une carte MasterCard ou Visa, vous ne pouvez pas aller au distributeur de billets d’une autre banque. Cela constitue un obstacle pour le développement pour la facilitation de la vie des populations disposant des cartes. Aujourd’hui, vous trouvez dans les supers marchés, trois ou quatre terminaux de paiement. C’est non seulement aberrant mais c’est aussi couteux pour l’entreprise d’avoir quatre terminaux de cartes. Nous sommes en train de nous battre pour l’interopérabilité du système. Vous avez la carte, plus question de courir seulement vers le distributeur de votre banque. Vous pouvez retirer de l’argent depuis n’importe quel distributeur de billet », a-t-il ajouté.
La Cellule d’Exécution des Financements en Faveur des États Fragiles (CFEF), une structure du Ministère des finances, est l’unité chargée de la coordination des projets mis à sa disposition et, donc responsable de la coordination d’ensemble, du suivi-évaluation, et des aspects administratifs et fiduciaires. La CFEF a dans son portefeuille la gestion du Projet de Développement des Pôles de Croissance Ouest (PDPC), du Projet de Développement des Infrastructures Financières et des Marchés (PDIFM), du Projet de Renforcement des Systèmes de Développement Humain (PRSDHU) et du Projet d’Appui à la Mobilisation des Ressources Internes et à la Modernisation des Finances Publiques (PAMRIM-FP). Ces projets sont financés d’une part par la Banque Africaine de Développement (BAD) et d’autre part par la Banque mondiale, pour un total de 216 millions d’USD.
Amédée Mwarabu