Avec le dispositif arrêté pour stabiliser la monnaie nationale et relancer l’économie, le gouvernement Ilunkamba devrait maintenant se mettre effectivement au travail avec obligation de produire des résultats.
Le Conseil des ministres du vendredi 31 juillet a approuvé le rapport d’évaluation, présenté par la ministre du Plan, Elysée Munembwe, tout en adoptant des mesures drastiques destinées à arrêter la dépréciation monétaire et à relancer l’économie », rapporte le compte rendu fait par le porte-parole du gouvernement, Jolinot Makelele.
Intervenant à la suite de la ministre du Plan, le Gouverneur de la Banque Centrale du Congo, Déogratias Mutombo, a exposé sur la situation économique mondiale et ses implications sur les économies africaines, renseigne le même compte rendu du gouvernent. Après un tour d’horizon des causes des faiblesses de l’économie Congolaise et de ses atouts, il a proposé des mesures de stabilisation et de relance appropriées.
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Sans détailler les mesures retenues dans le dispositif de stabilisation et de relance de l’économie, l’on sait que l’Exécutif national ne va pas inventer la roue. Les solutions aux problèmes économiques de la RDC existent depuis mais ont toujours souffert de l’application. Pour preuve, les 28 mesures d’urgence dites aussi de « stabilisation et de relance de l’économie » de janvier 2016, héritées du Premier ministre d’alors Matata Ponyo, n’ont pas connu un début d’application.
Rappelons que les 28 mesures d’urgence avaient pour objectif d’accroître la mobilisation des recettes publiques, améliorer la qualité de la dépense publique et mettre en œuvre les réformes structurelles à impact rapide sur l’économie nationale. Tous ces objectifs sont encore d’actualité aujourd’hui.
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Cette année a été déclarée celle de l’action par le président de la République. Dans cette optique, l’Exécutif national n’a pas d’excuses s’il n’obtient pas des résultats sur des problèmes économiques pour lesquels des solutions existent et sont à la portée des institutions de la République.
Dans les finances publiques, le gouvernement est en train d’enregistrer un cinglant camouflet au regard de la faiblesse des recettes.
Rappelons qu’à fin juin, les états de suivi budgétaire renseignent un niveau global de dépenses de l’ordre de 3 350 608 435 571 FC (1,718 milliard USD) contre les prévisions linéaires de 8 612 624 023 644 FC (4,416 milliards USD) au premier semestre 2020, soit un taux d’exécution de seulement 38,9% et un gap de 2,698 milliards USD dans les recettes attendues.
Plus spécifiquement, en ressources internes, les dépenses publiques du gouvernement se sont élevées à 3 156 764 192 824 FC contre les prévisions linéaires de 7 435 923 385 994 FC, soit un taux de réalisation de 42,5%, au 30 juin 2020. Cette faible mobilisation se constate même chez les partenaires extérieurs de la République démocratique du Congo qui n’ont contribué au budget national à hauteur de 193 844 242 824 FC (99,407 millions USD au taux de 1950 FC le dollar américain) sur des prévisions linéaires de 1 176 700 637 650 FC (603,436 millions USD), soit un taux d’exécution d’à peine 16,5%, à fin juin 2020.
Tout aussi, le gouvernement tourne en rond sur la question de la réduction du train de vie des institutions de la République. Pourtant, sur la décision du train de vie des institutions de la République, il y a des décisions immédiates qui peuvent être prises au niveau politique. Par exemple, la réduction de la taille du gouvernement ou encore celle du nombre des conseillers à la présidence de la République sont des décisions qui peuvent être prises immédiatement et permettre au trésor de dégager des marges financières.
De même, en matière des réformes, l’équipe Ilunkamba ne montre aucun intérêt palpable en dehors des bonnes intentions chaque exprimées en Conseil des ministres. Tenez, à fin juin 2020, le gouvernement n’a décaissé que 176 643 400 FC (88.321 USD au taux de 2000 FC le dollar américain) sur des prévisions budgétaires estimées à 39 454 296 615 FC (19,727 millions USD), soit un taux d’exécution d’à peine 0,44%.
Comment un gouvernement peut dépenser moins de 1% de fonds destiné à financer les réformes et prétendre travailler à l’amélioration de la mobilisation des recettes publiques ou à relancer l’économie nationale ? Pourtant, ce sont des réformes qui doivent aider aussi bien à accroitre les ressources financières, à améliorer la qualité de la dépense publique, à lutter contre la corruption ou encore à améliorer la gouvernance.
Amédée Mwarabu