Dossier 100 jours : « Le Congo n’est pas à vendre » condamne les pressions et les tentatives de corruption contre les juges

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PAR Deskeco - 28 avr 2020 09:48, Dans Corruption

Le Collectif « Le Congo n’est pas à vendre » dit avoir suivi « avec attention et peine les différents échanges entre le ministre de la Justice et les hauts magistrats. Selon ces organisations de la Société civile, ces échanges sont « de nature à discréditer l’ensemble de notre appareil judiciaire ».

« La déportation de deux juges et leurs suspensions pour des soupçons de corruption constituent un message négatif envers une population de plus en plus mobilisée pour combattre la corruption et soutenir une justice libre et autonome. Un tel environnement n’est pas de nature à permettre l’indépendance et l’impartialité de notre système judiciaire à l’heure où il est appelé à jouer pleinement son rôle dans la lutte contre la corruption et l’impunité », s’inquiète ce Collectif dans son communiqué diffusé le 27 avril.

Pour « Le Congo n’est pas à vendre », « il est essentiel que les juges puissent instruire les dossiers en ayant comme seuls guides la constitution et les lois de la République ».

« C’est pourquoi nous condamnons toutes pressions et/ou intimidations et toutes les tentatives de corruption en direction du corps judiciaire et nous appelons ce dernier à dénoncer publiquement toutes tentatives de ce genre pour que les personnes qui s’y livrent fassent l’objet des poursuites pénales et de l’opprobre populaire. Le temps est venu pour que l’indépendance de la justice soit le principal élément de la lutte contre la corruption », écrit ce Collectif qui dénonce également « l’interprétation erronée des dispositions légales consacrant la collaboration entre les pouvoir exécutif et judiciaire dans le but d’avoir une main mise « protectrice » de certains dossiers et « répressives » sur d’autres ».

Par ailleurs, « Le Congo n’est pas à vendre » demande à la justice de se saisir de l’ensemble des dossiers liés à la corruption et au détournement des deniers publics  dont notamment : « 1.     Les détournements orchestrés à travers la BGFI Bank révélés par les Lumumba papers, y compris ceux à la CENI. Aujourd’hui, il n’existe aucune poursuite sur le sujet en RDC. 2.     Les transactions minières et pétrolières du réseau de Dan Gertler, sanctionné aux États Unis pour corruption mais toujours libre d’opérer en RDC. 3.     Le dossier lié à l’entreprise EGAL qui porte sur près de 80 millions de dollars et qui dans son conseil d’administration comporte des personnalités proches de l’ancien régime. 4.     Le contrat léonin des passeports congolais parmi les plus chers au monde, où 1/3 du prix irait auprès des personnes privées réputées membres de l’ancienne famille présidentielle. 5.     Le dossier Bukanga Lonzo, où près de 150 millions ont été soi-disant investis dans la création d’une ferme agro-industrielle qui n’a jamais vu le jour. 6.     Le barrage de Busanga dans le Lualaba, où une part importante de l’actionnariat étatique se retrouve entre les mains de Congo Management, une entreprise privée dont on ne comprend pas le rôle.  7.    Le contrat conclu (et le contrat à conclure) pour le port en eau profonde de Banana. Les “Banana port papers” (www.bananaportpapers.info/index.html) suscitent des sérieux   soupçons sur la corruption et l’enrichissement personnel des membres de l’ancienne famille présidentielle. Des négociations seraient actuellement dans la plus grande opacité dans un dossier si important pour le Congo (cf communiqué CNPAV du 20 11 2019) ».

Au cours de la semaine passée, deux juges du Tribunal de Trange instance de Kinshasa Gombe se sont déportés pour protester contre les pressions dans le dossier du Directeur général de FONER (Fonds national pour l’entretien routier) accusé d’un présumé détournement des fonds alloués à la constructions des routes dans le Kivu.

De même, dans une correspondance du 17 avril, le VPM de la Justice avait pris à partie le Procureur général près la cours de cassation de Gombe lui demandant le « respect de la loi dans l’instruction des dossiers ». Ici, le VPM de la Justice avait épinglé notamment un mandat d’amener à l’encontre du Directeur général de l’OGEFREM alors que celui-ci est justiciable de la Cour d’Appel. En réaction le PG près la Cours de cassation, outre ses justifications, a rassuré que l’instruction du dossier de l’OGEFREM se ferait dans le respect de la loi de la République.

Amédée Mwarabu

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