Le Plan de trésorerie que le ministre des Finances a publié le 17 février sur son site internet sonne le glas du projet de société du Président de la République. En tout cas pour cette année 2020, pourtant décrétée année de l’action.
En 2019, le chef de l’Etat a fonctionné avec un Budget (5,7 milliards USD) légué par l’ancien régime. La conséquence est que durant cette première année d’exercice, le 5ème président de la RDC n’a pas réalisé grand-chose faute des moyens financiers adéquats. Pour preuve, la gratuité de l’enseignement de base a eu du mal à démarrer entre septembre et décembre 2019. De même, son Programme d’urgence de 100 jours n’a pas pu trouver des moyens financiers nécessaires pour sa réalisation. D’ailleurs, les mêmes projets du Programme de 100 jours, lancés en mars 2019, sont toujours en attente de financement alors qu’on est en mi-février 2020.
Dès lors, le budget 2020 de 11 milliards USD voté au Parlement avait le mérite de mettre la RDC face à un challenge, d’autant qu’aucun gouvernement n’a pu mobiliser plus de 7 milliards USD ces 20 dernières années. Ces 11 milliards devraient permettre au chef de l’Etat d’assurer la gratuité de l’enseignement de base durant cette année scolaire 2019-2020 mais aussi permettre des investissements importants pour booster l’économie nationale.
Voilà qu’avec ce Plan de Trésorerie, tous ces projets ne devraient pas se réaliser tel que prévu. Simplement parce que des ministères compétents, en l’occurrence le Budget et les Finances, jettent l’éponge et estiment qu’ils ne pourraient atteindre les objectifs assignés au budget 2020, tel que voté par les élus du peuple.
En clair, le Plan de trésorerie vient de réduire sensiblement le budget de l’Etat simplement parce que des ministres ne sont pas en mesures de mettre des réformes mais aussi des mesures nécessaires pour permettre au pays d’atteindre 11 milliards des recettes en une année. Le Plan de Trésorerie coupe réduit le budget 2020 au moins de 3 milliards USD.
Dans un pays où la corruption laisse échapper plus de 15 milliards USD chaque année et où la fraude douanière et fiscale est un sport national, des membres du gouvernement s’estiment dans l’incapacité de canaliser les revenus dus à l’Etat vers le Trésor public ! Pourtant, tout a déjà été dit sur comment mettre fin au coulage des recettes de l’Etat, à la fraude fiscale et douanière.
Où sont passées les 28 mesures d’urgence arrêtées en janvier 2016 par le gouvernement Matata dont l’actuel ministre des Finances fut directeur de cabinet du Premier ministre de l’époque? Ces 28 mesures donnent toutes les pistes pour relancer l’économie nationale, maximiser la mobilisation des recettes et même diversifier les sources de financement pour le gouvernement.
La République démocratique du Congo a vocation de grandeur. Et cette vocation doit notamment être portée par ceux qui dirigent aux destinées du Géant Congo. Dès lors, si des membres du gouvernement sont dans l’incapacité d’assurer la grandeur de ce pays, ils devraient démissionner et laisser la place à ceux qui ont une intelligence capable de transformer effectivement les potentialités du pays en vraie richesse pour le bien de toute la communauté.
Pour son projet de société « le peuple d’abord », le président de la République a besoin de mobiliser des moyens financiers suffisants pour assurer sa concrétisation d’ici à 2023, la fin de son quinquennat. Il ne reste plus que trois ans et quelques mois. Il faut donc se hâter à mettre des politiques en œuvre pour permettre aux Congolais de manger à leur faim, de rouler sur des bonnes routes, d’assurer pleinement la gratuité de l’enseignement de base, de pacifier l’ensemble du territoire national, de se faire soigner dans des hôpitaux modernes, etc.
Tout ceci ne se fera pas avec des maigres revenus comme ceux proposés par le Plan de Trésorerie du ministre des Finances. Le président de la République n’a pas d’autres choix que de récuser ce Plan de Trésorerie et trouver des ministres capables de l’aider à mettre toutes les mesures déjà étudiées susceptibles de maximiser la mobilisation des recettes afin d’exécuter le budget 2020 dans sa totalité. A quoi ça sert d’avoir un Plan de Trésorerie qui plait aux yeux du FMI et mais qui plombe l’émergence de la RDC ?
Félix Tshisekedi a décrété « 2020 année de l’action ». La seule action qui vaille la peine est celle de s'entourer des ministres capables de mobiliser les revenus conséquents pour assurer le succès de son projet de société.
DESKECO