RDC :La Gécamines a perdu 4 milliards USD en rejets de cuivre et de cobalt entre 2010 et 2018

Tableau rendement GCM
PAR Deskeco - 04 nov 2019 10:21, Dans Actualités

Le rapport "Gécamines Yuma:Un nain minier et une sangsue nationale" de Raphaël Ngoy Mushila qui se trouve sur le Bureau du Premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, révèle un gaspillage scandaleux des ressources minérales du reste epuisables du patrimoine minier de la Gécamines. 

Selon ce rapport, la récupération du cuivre qui était de 60% en 2010 est tombée à 33% en 2017, tandis qu’en cobalt, la récupération qui était de 22% (horrible) en 2010 a fondu comme beurre au soleil plongeant à une catastrophe inacceptable, soit 3% seulement en 2017. 

Plus concrètement selon ce rapport, les installations de Gécamines ont engagé en traitement respectivement 373.600 T Cuivre et 35.600 T Cobalt. Elles n’ont réussi à produire que 175.577 Tonnes Cuivre et seulement 3.910 Tonnes cobalt de sorte que les métaux envoyés par elle dans les rejets globaux (sans distinction de phase liquide ou solide) s’élevaient à 198.023 T Cuivre et 31.690 T Cobalt.

"C’est à peine croyable, c’est inimaginable, aucun gouvernement au monde , même le dernier des médiocres ; ne peut permettre cela un jour de plus. Comment une telle horreur peut passer inaperçue si longtemps ? Quand on s’accommode de l’opacité, quand on place un ministère aussi stratégique que les mines, pendant plus de dix ans, dans les mains d’incompétents, il faut être préparé au pire! Et le pire est bien là sous nos yeux", alerte cet ingénieur civil ancien travailleur de la Gécamines se basant sur les données internes des ingénieurs retraités de la Gécamines. 

L'auteur estime que c'est plus qu’un drame pour un pays qui luttait encore récemment pour être reconnu comme pays pauvre très endetté et pour obtenir par pitié l’allègement de sa dette alors qu'entretemps, chaque seconde qui passe, "le système d’exploitation cautionné par Yuma dilapide sans résultat et même sans remords les ressources non renouvelables". 

"En effet, en leur appliquant les cours moyens de 2018, les métaux expédiés dans les rejets durant le long et stable mandat de Yuma valent près de Quatre milliards USD Dollars : Une fortune colossale ! Très proche du budget annuel traditionnel : Plus qu’assez pour consolider l'enseignement de base gratuit avec petit déjeuner complet inclus pour tous nos braves enfants sans discrimination avec la bourse à tous les étudiants", écrit Raphaël Ngoy Mushila dans son rapport. 

"Le rendement global (il s’agit du  rendement moyen pondéré reconstitué) de récupération des métaux se situe à seulement 47% pour le cuivre ET seulement 11 % pour le cobalt (celui de l’année 2017 tombe à 3% seulement", indique ce rapport.Dans le PSD, le trio de combinards avait tablé sur une récupération de 32% pour le cobalt : la réalité est dix fois moindre. 

"C’est donc une prouesse lugubre et une horrible hécatombe écologique : faute d’avoir investi dans les technologies plus performantes qui existent depuis de décennies, et ce malgré qu’elle ait brassé des millions de dollars en pas de porte, royalties et autres paiements. La Gécamines, qui vient par ailleurs d’inaugurer un bâtiment hyper luxueux, en est encore à une technologie surannée inappropriée : Le HMS (Heavy Media Séparation littéralement c’est la Séparation par Liqueur Dense) ou concentration gravimétrique - dont elle se targue encore aujourd’hui à gorge déployée - fut utilisé sur la brèche de Ruwe/Mutoshi à Kolwezi depuis la seconde guerre mondiale. Ce HMS est entouré d’opérations discontinues conduites à la manière archaïque culminant en une piètre récupération globale de seulement 47 T sur 100 T Cuivre traitées (en rejetant 53T). Tandis que pour le cobalt, sur 100 tonnes engagées dans le traitement, elle en jette plus de 90 T dans les rejets (solides et solution) suite au traitement inefficace. Le « Heap Leaching » (ou lixiviation en tas) appliqué en lieu et place d’une lixiviation en tank agité en milieu réducteur est bon pour une alimentation monométallique, et demeurera donc extrêmement fatale pour la récupération du cobalt (dittrivalent)", explique cet ingénieur civile. 

De son avis, aucun ingénieur ne peut produire un miracle quand il est confiné dans les limitations d’une telle configuration métallurgique." On ne peut faire des exploits dans une usine-musée sur laquelle sont greffées des unités nouvelles donnant lieu à une véritable pièce d’antiquité hybridée à laquelle il faut trouver un autre nom (Usines démarrées en 1929)".

Sous d'autres cieux, la plupart des projets Cobalt en pipeline notamment au canada et en Australie vise plus de 70% de récupération cobalt en raison de ressources limitées et par conséquent jalousement exploitées d’une part et d’autre part des exigences environnementales non négociables! Ailleurs on ne badine pas avec le cobalt et aucun gaspillage n’en est toléré ! Est-ce la malédiction de l’abondance ?

Lire aussi: https://deskeco.com/2019/11/04/rdc-un-rapport-sur-la-gestion-de-la-gecamines-depose-sur-le-bureau-du-premier-ministre

Codelco entreprise minière publique de l’état chilien et premier producteur mondial de cuivre( plus de 1,7 millions de tonnes Cuivre produites annuellement), a une productivité de 80 tonnes de cuivre par travailleur par an, la Gécamines de Yuma caracole autour d’une tonne par travailleur par an, tandis que sous Umba Kyamitala et Mulenda Mbo (Tous deux excellents Ingénieurs de Mines et véritables monuments de l’excellence dans la gestion des Mines de Gécamines), la productivité Gécamines était de près de 15 tonnes par travailleur par an. Sous la gestion Yuma, la productivité de Gécamines est de très loin, la plus faible de l’industrie du cuivre mondiale".

Amédée MK 

 

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