Enquête Exclusive/GO-PASS: mystère dévoilé d’un dossier sale de la République (2ème partie)

PAR Deskeco - 16 mar 2019 11:02, Dans Actualités

Cette deuxième partie est consacrée à l’opacité dans la gestion des fonds générés par l’opération de collecte de GO-PASS. En RDC, la perception de la Redevance de Développement des Infrastructures Aeroportuaires, IDEF appelé « GO-PASS fait couler beaucoup d’encre et de salive depuis son instauration. Beaucoup sont ceux qui dénoncent l’utilisation des fonds gérés par cette redevance et la tracasserie entraînant sa perception. Certaines personnes vont même jusqu’à rater leur vol, nous confie un agent travaillant à l’Aéroport de Nd’jili. Ainsi, face à toutes ces plaintes, la rédaction de DESKECO.COM a décidé de faire une enquête exclusive sur le contour de cette redevance.

Gestion opaque et violation de la Loi

En 2012, un audit de la Cour des Comptes met au grand jour la mauvaise gestion des fonds générés pas GO-PASS : «  Violation des règles de passation de marchés dans le choix de I’ imprimeur MIRAK IMPRESSIONS ; absence de signes distinctifs apposés par la RVA sur les carnets IDEF ; manque de suivi dans le système de gestion des stocks et approvisionnements des Go-Pass entre la RVA et les banques ; inexistence d’un manuel de procédures relatif aux opérations de collecte des fonds ‘’IDEF’’ ; non vérification des poids déclarés par les compagnies aériennes ; … ».

Dans la mise en œuvre des travaux de réhabilitation de quelques pistes, notamment celle de Ndjili et de la Loano par exemple, la Cour des Comptes signale le recours au mode gré à gré dans la signature des contrats avec certains entrepreneurs et fournisseurs, notamment SOGEA-SATOM ; AFRITEC ; GELED ; SV INTLH ; ERNEST YOUNG ; UNIKIN/POLYTECHNIQUE ; MANGA FLOR ; ADPI ; MIRAK ; RAWBANK ; ICAR ; EDS ; KPMG/AFRIQUE DU SUD ; AERONAV ; EGEC ; ESG (Construction pavillon présidentiel) ; DJABUL.

Les modalités de transfert des fonds perçus par la BIAC en direction du compte 09-043-307-6 USD à la STANDARD BANK en Afrique du Sud restent obscures, suite à l’absence des extraits de ces deux banques ainsi que les pièces justificatives des transactions réalisées entre la RVA et la STANDARD BANK. Ainsi, la cour des comptes a émis des réserves quant à la fiabilité de 60 178 489,85 USD collectés par la Direction Centrale de la RVA entre 2009 à 2012.

Irrégularités dans l’exécution des travaux

L’achat d’équipements de radio-communication, radio-navigation et autres systèmes aéroportuaires en République Démocratique du Congo auprès de la société NAVIGATION AERONAV INTERNATIONAL pour une valeur de 33.497.965,22 USD a été fait sans pièces de rechange ni formation du personnel de maintenance. Quelques temps après ces équipements sont tombés en panne et ne peuvent être réparés. Cette situation a obligé la RVA à recourir aux matériels vétustes de marque Philips acquis il y a plus de 25 ans et qui ne couvrent que plus ou moins 50% du territoire national, nous confie un magistrat de la Cour des Comptes.

Ensuite, la construction du Pavillon Présidentiel à l’Aéroport International de N’djili a été fait en dehors de l’accord contractuel comprenant les conditions particulières pour la réalisation du Pavillon Présidentiel. La RVA n‘a jamais produit des éléments exhaustifs en rapport avec la procédure qui a prévalu à l’attribution du marché à la société ESG Projects, renseigne la Cour des Comptes. Toutefois, les recoupements indiquent que ce marché, qui s’élevait initialement à 11.053.854,01 USD a été effectué finalement à 36.834.722 USD. Ainsi, aux termes de la loi relative à la passation des marchés publics, la somme des avenants ne peut dépasser le montant initial du contrat principal.

En mai 2018, on a assisté au lancement des travaux de construction de l’aérogare définitive de l’aéroport international de Ndjili chiffré à 354 680 000 USD. Il sera financé à 85% (soit 300,9 millions USD) par Exim Bank China et à 15% (soit 53 millions USD) par l’Etat congolais. Le marché a été régulièrement attribué à WIETC pour un délai contractuel de 36 mois, indique le Ministère des Transports et Voies de Communication.

Cependant, aucun contrat de ce marché n’a été publié sur le site de l’Autorité de Régulation des Marchés, comme le prévoit la Loi relative aux marchés publiques et le niveau d’avancement des travaux reste mitigé, jusqu’à ce jour. Alors que pour l’organisation de la cérémonie de pose de la première pierre, 62 millions USD auraient été décaissés sur le compte de GO-PASS, nous confie un expert du Ministère du Budget.

A la lumière de la capacité annuelle de mobilisation des fonds issus de « GO-PASS », l’emprunt effectué auprès d’Exim Bank China pourrait prendre environ 10 ans pour son remboursement. Pourtant, dans l’arrière-pays, différents aéroports sont impraticables, alors qu’il contribue à environs 232 698,17 USD par mois. (Dossier à suivre dans la troisième partie).

VM

Lire aussi: Enquête Exclusive/GO-PASS: mystère dévoilé d’un dossier sale de la République (1ère partie)

Lire également: RDC : La taxe Go-pass a généré plus de 31,2 millions USD en 2017 ( document)

Articles similaires