Albert Yuma : « Il faut cesser de croire a? l’ide?e simpliste qui voudrait que l’argent des mines suffirait a? assurer le développement de notre pays »

PAR Deskeco - 09 sep 2019 14:13, Dans Actualités

Albert Yuma Mulimbi, président de la Fe?de?ration des Entreprises du Congo (FEC) et Pre?sident du Conseil d’Administration de la GECAMINES, s’est exprimé à la 5e édition du forum économique Makutano. Prenant la parole, il a précisé que son discours était celui d’un citoyen et seulement celui d’un citoyen. Il s’est appesanti longuement sur la place du secteur minier dans la vision d’un nouveau Congo.

« Il faut cesser de croire a? l’ide?e simpliste qui voudrait que l’argent des mines suffirait a? assurer le de?veloppement de notre pays et re?pondre a? tous nos besoins. C’est faux et d’autant plus depuis que le secteur a e?te? libe?ralise? en 2002 sous la pression, que je qualifierais d’amicale de la Communaute? internationale et que notre pays doit de?sormais partager la richesse qui est extraite de notre sous-sol par d’autres que lui », a t-il déclaré.

Il a nuancé en précisant le rôle qu’il souhaitait voir jouer le secteur minier.

« Je ne dis pas que le secteur minier ne doive pas faire partie de l’équation globale du développement, mais je dis qu’il ne créera pas les emplois nécessaires aux millions de jeunes désœuvrés, surtout sous sa forme fortement mécanisée, qu’il ne permettra pas à notre pays d’être auto-suffisant et souverain en matière alimentaire, ou qu’il ne résoudra pas les problèmes environnementaux et sociaux que nous vivons avec une exploitation désordonnée de nos forêts et une urbanisation anarchique de nos métropoles, et je pourrais continuer la liste », a t-il ajouté.

A propos, la vision du Chef de l’Etat dans ce domaine est de transformer le potentiel agricole congolais en un autre levier de croissance important avec ses 80 millions d’hectares de terres arables et 40 millions irrigables.

« Le défi pour nous est d’amener la population rurale et agricole d’une production de subsistance à une production industrielle. Il s’agit là aussi d’un défi de capacité », avait déclaré Félix Tshisekedi toujours à la 5e édition du Forum économique Makutano.

Pour sa part, dans son discours de politique générale, le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba constatait que « faute d’opportunités économiques et sociales viables dans l’arrière-pays, nous assistons, de plus en plus aujourd’hui, à l’exode rural et au dépérissement du secteur agricole ». Ainsi, il avait promis notamment la redynamisation de l’agriculture vivrière, industrielle et pérenne, la pêche et l’élevage,  ?la consolidation de la base industrielle en favorisant une plus large transformation locale des produits agricoles et miniers, l’implantation des parcs agro-industriels et des zones économiques spéciales, le développement et la rentabilisation du tourisme , l’accroissement de l’implication économique des acteurs nationaux par l’élargissement de la classe moyenne nationale, à travers des contrats de sous-traitance en faveur des PME et PMI.

« Les mines nous ont fait perdre de vue l’essentiel, c’est-à-dire la recherche de l’indépendance et de l’autonomie, pour ne pas dire la souveraineté et la dignité. La rente minière seule ne rend pas libre, qu’elle soit nationale, comme avant 2000 ou déléguée depuis 2000 aux multinationales à qui on a cédé nos gisements », a ajouté Albert Yuma. Et de poursuivre : « Je crois bien plus à une politique des leviers et des secteurs pour un développement économique endogène, ce que notre taille, notre population et nos ressources naturelles, notamment agricoles, permettent en offrant la taille critique au développement économique de ces activités ».

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