Dans un document de dix pages présenté au gouverneur de la province du Kasaï-Oriental, une mission de l'Inspection générale des finances (IGF) dépêchée dans cette partie de la République démocratique du Congo dénonce une série d’irrégularités « dans la tenue de la comptabilité publique, la gestion des fonds transférés par le Trésor et l’exécution budgétaire ».
Selon le rapport, plusieurs manquements majeurs ont été constatés :
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« Non-respect du règlement général sur la comptabilité publique : les fonds transférés du compte général du Trésor ne sont pas immédiatement inscrits dans le livre de caisse et ne sont retracés qu’après retrait en espèces » ;
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« Fonctions incompatibles et non-respect de la séparation des tâches : certains gestionnaires agissent à la fois comme ordonnateurs et comptables, en violation des textes en vigueur » ;
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« Le livre de caisse n’est pas à jour : la dernière mise à jour remontait à fin juin 2025, ce qui empêche un suivi régulier des opérations financières » ;
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« L’absence de plan annuel de passation des marchés publics, rendant plusieurs procédures irrégulières et opaques » ;
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« L’absence de comptabilité bancaire permettant de rapprocher les soldes des comptes avec ceux des livres de caisse ».
Fonds d’investissement : écart de plus de 6,8 milliards CDF
L’IGF relève un écart de 6 683 147 800 CDF pour l’exercice 2024 entre les montants transférés par le Trésor public et ceux repris dans le rapport de reddition des comptes du gouvernement provincial.
Les contrôleurs demandent des explications et soulignent que cet écart constitue une atteinte à la sincérité et à la transparence budgétaire, en violation de la loi sur les finances publiques.
Malgré ces manquements, l’équipe de contrôle a pu reconstituer la traçabilité de 681 000 000 CDF, affectés principalement à deux projets, à savoir la réhabilitation de l’avenue Kabeya Banza : 287 000 000 CDF et la réhabilitation de l’EP Mashala Bambi : 153 265 333,5 CDF. Un montant de 222 458 891,50 CDF a par ailleurs été alloué au fonctionnement du gouvernement provincial.
72 heures pour réagir
L’IGF donne au Gouverneur du Kasaï-Oriental 72 heures pour répondre par écrit à ces observations. Une séance contradictoire sera ensuite organisée à Kinshasa pour examiner les réactions et établir les responsabilités.
Cette nouvelle mission de l’IGF relance le débat sur la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion des finances publiques au niveau provincial, un sujet sensible dans un contexte de forte demande sociale et de faiblesse des infrastructures dans le Kasaï-Oriental.
Bienvenu Ipan