RDC : un chercheur déplore la faiblesse statistique dans le pays, frein à la planification, l’évaluation des politiques publiques et l’attractivité des investissements

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PAR Deskeco - 29 juil 2025 09:24, Dans Actualités

M. Christ Kahambwe, chercheur en économie et assistant à l’Université Révérend Kim (URKIM), déplore la faiblesse des systèmes statistiques dans plusieurs pays africains, notamment ceux d’Afrique centrale, dont la RDC, qui affiche une couverture inférieure à 35 %. Selon lui, cette faiblesse statistique entrave la planification, l’évaluation des politiques publiques et l’attractivité des investissements.

« La faiblesse des systèmes statistiques dans plusieurs pays africains, notamment ceux d’Afrique centrale, dont la RDC, qui affiche une couverture inférieure à 35 %, entrave la planification, l’évaluation des politiques publiques et l’attractivité des investissements », a déclaré le chercheur.

Lors d’un entretien avec la presse ce lundi 28 juillet 2025, il a précisé que ce déficit statistique engendre des effets négatifs sur plusieurs dimensions, notamment l’économie, le social et la gouvernance.

En conséquence, poursuit-il, on observe entre autres des projections faussées, un ciblage erroné, des données sur l’emploi imprécises, ainsi qu’une mauvaise localisation des besoins et une répartition inefficace des ressources.

« Le recensement général de la population congolaise sur toute l’étendue de la RDC constitue une base incontournable pour la production de statistiques fiables. Cependant, la RDC n’en a pas réalisé depuis 1984 », a-t-il regretté.

Instaurer une gouvernance fondée sur des données fiables

Cet économiste considère que l’absence de données statistiques macroéconomiques et sociales fiables, régulières et actualisées en République démocratique du Congo constitue un frein à l’efficacité des politiques publiques.

« La RDC souffre d’un déficit chronique en matière de statistiques fiables et actualisées. Cette carence touche aussi bien les données macroéconomiques (taux de croissance, emploi, inflation, productivité, structure sectorielle) que les données sociales (pauvreté, accès aux services sociaux de base, répartition démographique, etc.). Ceci est un frein et la cause même de l’inefficacité des politiques économiques et sociales », a-t-il expliqué.

Selon lui, l’analyse macroéconomique nationale est souvent biaisée en raison du manque de bases statistiques solides. Les indicateurs utilisés pour les politiques budgétaires, monétaires, sociales ou territoriales sont fréquemment obsolètes, incomplets ou incohérents.

« Dans un contexte où la planification publique repose sur des estimations approximatives, les politiques économiques et sociales deviennent inefficaces, mal ciblées, voire contre-productives », a-t-il souligné.

Pour y remédier, M. Kahambwe propose un modèle fondé sur un système de remontée ascendante de l’information, s’appuyant sur les acteurs locaux (chefs d’avenue, de quartier et de commune), afin d’établir une collecte régulière, désagrégée, géolocalisée et contextualisée des données.

« Ces cas montrent que l’investissement dans l’appareil statistique national est un pilier essentiel pour des politiques publiques efficaces et équitables », a-t-il conclu.

Bienvenu Ipan

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