En dehors du manque d'un salaire décent, de couverture de santé, d'équipements de sécurité, du droit de revendiquer et du fait d'être souvent exposés à des substances toxiques, les travailleurs miniers des entreprises en sous-traitance dans l'ex-province du Katanga font également face à des horaires excessifs et à un repos insuffisant.
Selon une étude menée par l'ONG britannique RAID et le Centre d'aide juridico-judiciaire (CAJJ) basé à Kolwezi, en marge de la DRC Mining Week tenue à Lubumbashi du 11 au 13 juin dernier, de nombreux travailleurs en sous-traitance interrogés ont déclaré travailler jusqu'à 30 jours consécutifs, y compris de nuit, sans véritable repos, et subir des rotations de postes particulièrement éprouvantes.
« Un travailleur, qui disait gagner 550 $ par mois, a décrit avoir enduré de telles conditions pendant six mois », rapportent les ONG. Qui ajoutent : « La durée des journées de travail dépasse souvent 12 heures : dans deux des mines examinées, des employés ont affirmé travailler de 5 h à 19 h, soit 14 heures de suite. Cela représente une violation flagrante de la limite maximale de 8 heures de travail par jour fixée par l'article 119 du code du travail congolais ».
Ces organisations indiquent aussi que beaucoup de travailleurs ont affirmé ne pas bénéficier de temps de pause pendant leurs heures de service, en violation totale du code du travail. « L'un d'eux a expliqué qu'il ne parvient à manger qu'en s'arrangeant avec un autre travailleur pour se relayer à son poste : "Nous n'avons pas de pause car nous sommes à la production" », indique le document.
Les entreprises poussent souvent les ouvriers à travailler au-delà de leurs forces.
« Dans la production de cobalt, les chefs nous disent qu'il faut que l'on réalise 100 tonnes, donc même si le shift est fini, vous devez continuer. Si vous refusez, vous avez des problèmes. Je suis fatigué, mais je ne peux pas démissionner ». Un autre travailleur a exprimé son désespoir : « Je suis malade, mais mon supérieur refuse de me permettre de me soigner. Les syndicats m'ignorent. Qu'est-ce qu'on attend ? Est-ce qu'on attend la mort ? Et si je meurs, qui paiera pour mes enfants et qui les assurera ? », renseigne l'étude.
Pour remédier à cette situation, RAID et CAJJ appellent notamment le gouvernement congolais à mettre en place une réglementation stricte accompagnée de sanctions efficaces à l'encontre des entreprises qui ne respectent pas leurs obligations.
Bruno Nsaka