Alors que le processus de Doha au Qatar, impliquant les États-Unis d'Amérique, semble prendre de plus en plus de temps après la signature d'une déclaration de principe en avril dernier comme première étape, le journaliste analyste Christophe Rigaud relance le débat sur son aboutissement. Dans une intervention ce jeudi 29 mai 2025, il appelle à la prudence et à relativiser l'implication de Washington dans la résolution de la crise en RDC, malgré un accord sur les minerais engagé entre les deux pays.
Pour lui, compte tenu du temps que prend le processus sous médiation américaine, il convient de rester prudent, d'autant plus qu'à Washington la question de la République démocratique du Congo ne semble pas prioritaire.
« Plusieurs semaines après, on a quand même l'impression qu'après l'accélération diplomatique initiale, l'élan retombe. À Washington, ça piétine. On nous avait promis un avant-projet qui n'est toujours pas là. On parlait d'accord pour mi-juin, on évoque déjà début juillet. Il faut relativiser l'implication de Donald Trump, car le dossier de la RDC ne figure pas parmi ses priorités. Je pense qu'il faut rester extrêmement prudent », estime-t-il.
Christophe Rigaud souligne par ailleurs que l'accord entre Kinshasa et Washington ne saurait résoudre l'ensemble de la crise congolaise, qui comprend trois défis majeurs :
- Un problème régional avec les pays voisins
- La présence de groupes armés locaux
- Les problèmes de gouvernance politique
« Même s'il y avait un accord entre la RDC et le Rwanda, cela ne réglerait pas le conflit congolais qui comporte trois niveaux. Il y a le problème régional avec le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi ; il y a un problème local avec les groupes armés ; et un problème de gouvernance, de corruption et de prédation. Ces trois aspects doivent évoluer simultanément. Washington pourrait peut-être agir sur certains points, mais cela ne résoudrait pas l'ensemble du problème », analyse-t-il.
Du côté congolais, bien que le processus de négociation soit en cours, les critiques envers le Rwanda, partie prenante du processus, continuent. Après le discours de l'ancien président Joseph Kabila, Kinshasa, par la voix de son porte-parole gouvernemental, n'a pas hésité à viser le Rwanda dans sa réponse.
« Le problème, c'est le Rwanda. C'est documenté par tous les rapports du Conseil de sécurité, même par tous les pays occidentaux. Comment se fait-il que vous ne soyez pas capable de lire ces rapports et de reconnaître ne serait-ce qu'une partie du problème : l'attitude inutilement belliqueuse d'un pays voisin qui nous fait la guerre ? », a réagi Patrick Muyaya, dénonçant la complicité de l'ancien chef de l'État avec le Rwanda.
Jean-Baptiste Leni