La Société Anhui Congo d'Investissements Miniers (SACIM), active dans l'exploitation de diamants au Kasaï Oriental, vient de bénéficier d’un moratoire de trois mois pour vendre librement sa production. Cette mesure vise à lui permettre de se relancer après plusieurs mois de difficultés financières, marquées notamment par des arriérés de salaires et des charges fiscales élevées.
L’annonce a été faite mardi 20 mai à Tshibwe (territoire de Miabi) par Aristote Mutombo, chargé des missions du président Félix Tshisekedi dans le Grand Kasaï. Il a transmis la décision du chef de l’État d’abroger l’arrêté ministériel n°00049/CAB.MIN/MINES/01/2022 du 22 février 2022. Ce texte, signé par l’ancienne ministre des Mines Antoinette Samba Kalambay, imposait des contraintes strictes sur les ventes de substances minérales via les Tenders du CEEC (Centre d’Expertise, d’Évaluation et de Certification).
Pour les centaines de travailleurs de SACIM, cette annonce est un soulagement après plusieurs mois sans salaire. La société accuse jusqu’à 14 mois d’arriérés et peine à maintenir ses opérations. Selon un cadre de l’entreprise ayant requis l’anonymat, la société est actuellement incapable d’exploiter pleinement son potentiel faute d’équipements adéquats :
« Nous produisons 300 000 carats en 45 jours, un chiffre bien en deçà de nos capacités réelles. Sans engins supplémentaires, difficile d’améliorer notre productivité. De plus, nous devons des millions de dollars en taxes et impôts aux régies financières. Même avec cette liberté de vente, nous ne pourrons peut-être payer qu’un seul mois de salaire sur les 14 dus », a-t-il expliqué.
Ce délai de trois mois est assorti d’exigences strictes. Le gouvernement attend de SACIM une amélioration tangible de sa situation financière et le respect scrupuleux du cahier des charges signé avec les communautés locales, notamment la construction d’infrastructures sanitaires, de routes de desserte agricole et la prise en charge mensuelle des travailleurs. En cas de non-respect, « le gouvernement central sera dans l’obligation de prendre des mesures », a prévenu Aristote Mutombo.
SACIM, détenue par des intérêts chinois et congolais, avait déjà sollicité l’intervention du chef de l’État pour la levée de cette réglementation jugée pénalisante. Avec cette décision, Félix Tshisekedi répond à un appel pressant d’une entreprise stratégique, tout en laissant planer un doute sur sa gestion.
Ce geste présidentiel est perçu localement comme un message d’espoir, mais les trois mois à venir seront décisifs pour le sort de SACIM et celui des centaines de familles dépendantes de ses activités.
Michel Cyala