RDC : un sénateur sollicite l’interdiction de toutes les activités minières en Ituri pour financement de groupes armés

Mines. Photo d'illustration
Mines. Photo d'illustration
PAR Deskeco - 20 avr 2025 12:53, Dans Mines

Le sénateur Michel Remo Yossa a sollicité la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’exploitation de l’or comme source de financement des groupes armés et de leurs réseaux.

« En vertu de l’article 188 de notre règlement intérieur, je sollicite la plénière pour la création d’une commission d’enquête parlementaire pouvant approfondir cette question afin de présenter un rapport aux honorables sénateurs, pour qu’une décision salutaire soit prise pour le bien de la population que nous représentons. Je pense à l’interdiction de toutes les activités minières dans cette province par le gouvernement », a plaidé le sénateur Michel Remo Yossa dans sa motion d’information.

D’après cet élu de la circonscription électorale de l’Ituri, ces activités minières sont la source de financement des groupes armés et de leurs réseaux, et même l’une des principales motivations de création de groupes armés, y compris le maintien de l’Ituri dans cet état de crise sécuritaire.

Concernant la prolifération de groupes armés en cette période exceptionnelle de l’état de siège, le sénateur Michel Remo Yossa a expliqué en ces termes 

:« Je vous informe une fois encore, chers collègues, qu’en janvier de cette année, un autre groupe armé a vu le jour. il s’agit de la Convention pour la révolution populaire, dirigée par Monsieur Thomas Lubanga. Et au début du mois d’avril, un autre a vu le jour : la Coalition nationale pour la libération du Congo, dirigée par un certain colonel Innocent Kaina. »

Pour lui, la motivation de la prolifération de ces forces négatives trouve sa réponse dans le dernier rapport du groupe d’experts des Nations unies, qui fait état d’un revenu annuel de 140 millions de dollars américains généré par les groupes armés et les réseaux criminels grâce à l’exploitation minière en Ituri.

« Le rapport indique que le seul chef du groupe armé Zaïre gagne 1,6 million USD chaque mois, notamment grâce à l’extraction d’or, aux impôts et aux frais perçus pour le contrôle. Dans le territoire de Djugu, épicentre des activités rebelles, les femmes font l’objet d’exploitation sexuelle et les hommes sont utilisés pour creuser de l’or », révèle-t-il.

Dans cette motion d’information sur la situation sécuritaire dans sa province, le sénateur Michel Remo Yossa dresse le même constat dans les territoires de Mambasa, Mahagi et Irumu, où l’activisme des groupes armés est principalement motivé par l’exploitation minière illicite sur les différents sites.

« Dans le territoire de Mambasa, dans la Réserve de faune à okapis (RFO), près de 70 sites miniers d’exploitation illégale sont enregistrés, avec des conséquences incalculables sur tous les plans, sous la bénédiction de nos forces de sécurité. »

À Irumu, souligne-t-il: 

 « plusieurs sites dans la chefferie de Babelebe et de Walendu Bindi permettent aux groupes armés de percevoir entre 30 000 et 50 000 USD chaque mois auprès de creuseurs artisanaux, de propriétaires de carrières et même d’exploitants étrangers. Dans le territoire de Mahagi, plusieurs sites sont gardés par nos forces de sécurité. D’ailleurs, l’année passée, on a enregistré des décès de militaires qui se sont entre-tués. »

Une vraie guerre économique

Par ailleurs, le sénateur Michel Remo Yossa souligne que la guerre en Ituri a changé de nature pour devenir purement économique.

Pour preuve, poursuit-il, « on dénombre près de 250 sites miniers et plusieurs machines, où dans chaque site on paie 20 000 à 30 000 USD aux groupes armés. À cela s’ajoutent les frais payés par les opérateurs économiques pour sécuriser leurs produits qui traversent les zones contrôlées par ces miliciens. »

Il s’interroge : 

« Imaginez, chers collègues : quand les miliciens commandent des machines pour exploiter, c’est-à-dire qu’ils savent qu’ils sont là pour longtemps. Et on se demande où vont ces machines ? Qui facilite cet état de choses ? »

« Certains chefs de groupes armés ont acquis plusieurs biens dans la ville de Bunia, connus de tous, y compris des autorités provinciales, et possèdent même des avoirs à l’étranger. Entre-temps, la population continue de croupir, comme d’habitude, dans la misère », conclut-il.

Bienvenu Ipan

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