Dans un témoignage accablant contre l'exploitation minière chinoise en Afrique et particulièrement en République démocratique du Congo (RDC), Joseph Mulala Nguramo, chercheur senior non résident à l'Atlantic Council (une organisation américaine spécialisée dans les questions économiques, l'amélioration du climat des affaires et les relations internationales), accuse la Chine d'exploiter les ressources minières africaines en s'appuyant sur la corruption, en violant les principes de bonne gouvernance et en bafouant les droits de l'homme.
S'appuyant sur de nombreux faits et rapports concernant les relations sino-africaines, Joseph Mulala révèle que le volume des échanges entre l'Afrique et la Chine s'élève à 282,1 milliards de dollars, avec une croissance annuelle d'environ 1,5 %.
Pourtant, alors que la Chine contrôle près de 90 % du secteur minier congolais, elle ne fait aucun effort pour soutenir le pays dans l'amélioration de sa gouvernance ou la lutte contre la corruption. Bien au contraire, elle s'implique activement dans la corruption des dirigeants et fonctionnaires congolais.
Preuve à l'appui, le chercheur cite les 800 millions de dollars versés à la Gécamines en 2023 dans le cadre d'un contrat chinois, dont la trace a été perdue selon les révélations de l'Inspection générale des finances (IGF).
« Le modèle mercantiliste du PCC vise à établir des monopoles sur les ressources naturelles critiques. Pour y parvenir, il cherche à créer des systèmes politiques "illégitimes" et instables dans des pays comme la RDC et le Soudan, semant les graines de troubles civils, de violence et de guerres », dénonce le chercheur.
L'incapacité de Kinshasa à mettre fin à cette situation
« Le régime actuel de Félix Tshisekedi a échoué à répondre de manière transparente à ces questions pour garantir une bonne gouvernance et établir la confiance avec sa population », affirme Joseph Mulala. Selon lui, cette mauvaise gouvernance est à l'origine de la crise politique actuelle en RDC.
Le chercheur estime que le gouvernement congolais actuel manque de « vision, de compétence et de leadership efficace pour garantir un approvisionnement sûr et régulier » des précieux minerais que recèle son sous-sol.
Un appel à l'implication des États-Unis
Ce chercheur originaire de Goma, dans l'est de la RDC, en appelle donc aux États-Unis pour stopper les manœuvres chinoises.
« La stratégie nationale américaine pour contrer la Chine en Afrique devrait faire l'objet d'un consensus bipartisan, transcendant les administrations et les considérations à court terme », plaide-t-il.
Il exhorte les États-Unis à rompre avec leur passivité et leur inaction en Afrique, sous peine de perdre leur statut de leader moral de l'ordre international fondé sur des règles, comme c'est déjà le cas au Venezuela, à Cuba, en Corée du Nord, en Russie, au Soudan, et bientôt en RDC.
« Il est crucial que les États-Unis contrent l'emprise chinoise sur les ressources naturelles de la région, tant pour leur sécurité que pour la défense de la démocratie et des droits de l'homme en Afrique », explique-t-il.
Pour les États-Unis : priorité à l'exploitation minière locale
Si Joseph Mulala encourage les États-Unis à s'intéresser aux minerais congolais, l'administration Trump a annoncé il y a une semaine de nouvelles mesures visant à augmenter la production américaine de minéraux, y compris des minéraux critiques comme l'uranium, le cuivre, la potasse et l'or.
Le président américain justifie cette décision par les « graves » menaces permanentes pesant sur la sécurité et l'économie des États-Unis, en raison de leur « dépendance envers des puissances étrangères hostiles pour leur approvisionnement en minéraux ».
Ces nouvelles mesures, s'inscrivant dans l'initiative « Faire plus en Amérique », visent donc à relancer le traitement des minéraux nationaux et à soutenir la production minière locale, ce qui devrait impacter les importations américaines de minéraux.
Bruno Nsaka