RDC : Contraste sur le cours du cobalt après la suspension de son exportation sur le marché mondial

Le cobalt
Le cobalt
PAR Deskeco - 24 mar 2025 12:19, Dans Mines

L’Autorité de régulation et de contrôle des marchés de substances minérales stratégiques (Arecoms) a suspendu, le 22 février 2025, toute exportation de cobalt sur le marché mondial, en vue de contrôler sa commercialisation et de préserver les intérêts de la RDC.

Ce vendredi 21 mars 2025, lors du 36e conseil ordinaire des ministres, le président de la République est revenu sur cette mesure et en a salué l’impact. Il a noté avec satisfaction une amélioration de son cours qui, depuis l’application de la suspension, a enregistré une hausse de plus de 50 %, passant de 21 150 à 33 300 dollars américains.

« Ce niveau, le plus élevé depuis mai 2023, valide l’approche adoptée par le gouvernement et permet d’envisager, à court terme, un rétablissement significatif des contributions aux revenus de l’État issues de l’exploitation de cette ressource », indique le compte-rendu du conseil.

Le 6 mars 2025, le ministère des Mines avait également révélé que son cours avait augmenté de 27 % sur le marché mondial, une semaine après la mesure de suspension. Bien que son impact positif soit salué par le gouvernement, la Banque centrale du Congo (BCC) observe, quant à elle, un recul important.

Dans sa note de conjoncture publiée mercredi 19 mars, la BCC a révélé que le cours du cobalt a connu une baisse de 3,3 % par rapport au mois de décembre 2024, en raison des « inquiétudes » liées à la suspension de son exportation.

« Le prix de la tonne de cobalt s’est fixé à 23 251,0 USD, enregistrant un rebond de 9,3 % par rapport au 7 mars 2025, en raison des craintes concernant l’offre dans un contexte marqué notamment par la suspension des exportations congolaises. Par rapport à fin décembre 2024, ce cours a reculé de 3,3 % », précise la BCC.

Le 22 février 2025, la même institution avait déjà signalé un recul de 11,97 % par rapport à fin décembre 2024, tout en espérant une amélioration après l’annonce de la suspension des exportations.

Une mesure à double tranchant ?

Interrogé sur cette décision, le professeur d’économie Godé Mpoy Kadima y voit une arme à double tranchant. Selon lui, la suroffre de ce minerai pourrait entraîner une baisse des recettes, tandis que sa suspension laisse le champ libre à l’Indonésie, deuxième producteur mondial.

Pour atténuer ses effets négatifs, il recommande à la RDC d’adopter une politique de lutte contre la corruption, qui permettrait de mieux capter les recettes perdues à cause de ce fléau. Il avertit également que le prix du cobalt pourrait stagner, certains pays cherchant déjà à s’en affranchir.

« La Chine a développé une technologie permettant de se passer du cobalt dans la fabrication des batteries électriques. La RDC devrait initier la création d’un cartel des producteurs de cobalt. Le gel des exportations devrait se faire via cette cartelisation. Seule la lutte contre la fraude, la corruption et le détournement nous aidera à trouver des recettes compensatoires. Dans ce contexte de mondialisation féodale, le commerce international ne respecte que les moutons à cinq pattes », met-il en garde.

Jean-Baptiste Leni

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