Gervais Moussongo, membre de la branche américaine « strategic and competitive » et directeur général d’Advalys Consulting Group basé à Conakry, appelle le peuple congolais en particulier et les Africains en général à développer l’approche de l’« intelligence économique », qui leur servira d’outil dans les discussions face aux investisseurs étrangers.
Dans une interview à Desk Eco ce samedi, à la clôture de la troisième édition du débat africain sur l’intelligence économique à Kinshasa, Gervais Moussongo a insisté sur l’importance de cette approche dans le domaine de la concurrence à travers le monde.
« L'intelligence économique est un outil de management et de gestion qui peut aider nos pays africains à mieux se structurer, à mieux se positionner et à mieux négocier sur le marché mondial, devenu très concurrentiel, et par conséquent à être plus compétitifs », a-t-il déclaré.
Selon lui, l’Afrique doit s’inspirer de la tendance actuelle dans les pays développés, qui prônent la réappropriation de leur souveraineté économique.
« Aujourd'hui, ceux qui ont prôné l'économie de marché se retrouvent en train de mettre en place des outils de souveraineté économique. Dans des pays comme les États-Unis, la France et d'autres, ceux qui gagnent les élections sont ceux qui prônent, non pas un repli, mais une réappropriation de leur souveraineté. L'Afrique aussi doit se dire qu’il ne suffit pas qu’il y ait des investissements, mais il faut aussi savoir choisir ses partenaires sur la base des besoins et des orientations, tout en gardant une certaine mainmise sur les questions de souveraineté. », a-t-il ajouté.
D’après lui, l’Afrique doit cesser de vivre dans l’« utopie » d’un continent riche, mais plutôt s’activer à exploiter ses potentialités pour améliorer les conditions de vie des populations.
« Être riche, c'est créer de la valeur. Lorsque vous ne créez pas de valeur, vous n'êtes pas riche. Vous ne pouvez pas dire qu'un continent est riche alors que plus de la moitié de sa population n'a pas accès à l'eau potable, à l'électricité ou à l'éducation. Il faut que nous sortions de ces stéréotypes qui nous collent comme celui d’un continent riche. Nous serons riches lorsque nous allons nous mettre à travailler, travailler d'abord, assurer d'abord une sécurité alimentaire, car la sécurité économique passe par la sécurité alimentaire. Il faut s'assurer que nous pouvons investir dans l'agriculture et avoir des gens bien formés. La jeunesse africaine est un atout, mais c'est aussi un défi énorme qui nous interpelle, car si rien n’est fait, cet atout va devenir une bombe à retardement », a-t-il martelé.
Gervais Moussongo a également salué la mise en place du Département de l’intelligence économique et financière (DIEF) au sein de l’Agence nationale des renseignements (ANR). Le DIEF a, entre autres, pour mission de contrôler la gestion de l'utilisation des deniers publics, renforçant ainsi la surveillance des secteurs stratégiques. Selon lui, l’État congolais doit accompagner ce département.
Organisée pendant deux jours au Cercle de Kinshasa par l'Institut africain de réflexion stratégique, la troisième édition du débat africain sur l'intelligence a permis de faire un état des lieux des enjeux stratégiques du continent africain afin de mieux planifier et orienter les décideurs pour apporter des solutions idoines à leurs problèmes.
César OLOMBO