La représentante du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en RDC, Mme Angel Dikongué-Atangana a réuni, ce mardi 12 mars 2024 autour d’un briefing organisé à l’hôtel Pullman, situé dans la commune de la Gombe, le corps diplomatique en RDC. La représentante du HCR a exposé les dernières actualités de l'Agence pour les réfugiés et fait un plaidoyer sur la situation humanitaire du pays. Le briefing étant le premier de l’année, a été l’occasion propice pour Mme Angel Dikongué-Atangana de présenter les principales orientations pour 2024 et de faire un plaidoyer pour davantage collaboration entre toutes les parties prenantes afin de pouvoir répondre aux besoins des déplacements forcés en RDC.
Au terme de ce briefing tenu à huit clos au salon Lubumbashi, Mme la représentante a fait l’économie à la presse en ces termes : « c’était pour leur dire que depuis que nous nous sommes parlés l’année dernière, la situation a évolué, mais malheureusement pas dans le bon sens, la situation s’est plutôt empirée : on compte 1 million de nouveaux déplacés autour de Goma et Ituri depuis mars 2022 ; la situation de violence s’est encore empirée. Nous comptons malheureusement beaucoup plus de besoins pour les personnes qui sont en déplacement, beaucoup plus de souffrance, les femmes sont beaucoup violentées, ce qui fait que nos interventions ne sont pas en quantité suffisante. Nous avons besoin d’une mise à l’échelle constante de nos interventions sur toute la ligne (que ce soit pour la protection en général, le monitoring, la protection de l’enfance, la protection contre les violences basées sur le genre). Nous avons besoin de mettre à l’échelle toutes ces interventions là parce qu’au fur et à mesure que les besoins augmentent, les financements décroissent ».
Appel au retour de la paix, solution ultime aux problèmes des déplacements
Devant les traditionnels bailleurs de fonds du HCR, la représentante a salué, en guise de reconnaissance, le soutien apporté mais, elle leur a demandé, « s’il y a lieu, de faire davantage parce que malheureusement, la situation n’est pas au beau fixe. Et, en dernier recours, je leur ai dit, de tous ces besoins qui s’accroissent, pour le plan de réponse humanitaire, nous avons besoin de 2,600 milliards USD ; pour la part de mon agence (HCR), nous avons besoins de plus de 200 millions USD parce que l’année dernière, nous sommes à peine arrivés à 50% de financement. Donc, c’est d’autant moins ce que nous devons pouvoir faire ».
À en croire Mme la représentante, au delà de tous ces financements dont le HCR a besoin, « la solution ultime, selon nous, c’est véritablement qu’on se dirige vers une paix durable ; que les armes se taisent dans l’Est de la RDC ; que la violence cesse. Cela n’a que trop duré. Ce serait salutaire non seulement pour ces âmes qui soufrent atrocement. Nous avons près de 7 millions de déplacés dans l’Est, il faut que la paix revienne. Sinon, nous n’allons pas pouvoir continuer de faire face ».
À la question d’adresser un mot au Rwanda, pays agresseur de la RDC, pour un retour à la paix qu’est la solution ultime aux problèmes des déplacements dans l’Est, la représentante du HCR a déclaré : « Ce n’est pas le propre du HCR de s’adresser à un Etat belligérant. En tant qu’humanitaire, je ne peux qu’appeler les parties prenantes à cette belligérance à véritablement regarder en direction de 5 millions d’âme qui souffrent atrocement depuis des décennies et de se souvenir que parmi ces gens qui souffrent, il y a des pères, des mères, des frères, des sœurs qui n’ont besoin que de vivre normalement ; ils n’aspirent qu’à une vie normale (…) Mon appel est que chacun joue sa partition et j’en appelle notamment aux acteurs politiques à unir leurs voix aux parties belligérantes pour que la paix prévale dans l’Est de la RDC. Ce serait le plus grand bien pour ce pays, ce continent et pour le monde ».
Bienvenu Ipan