Le vice-ministre de la santé publique, hygiène et prévention, Docteur Olen Obe Nzem Serge, s'est exprimé sur les rumeurs relatives au trafic d'organes à Kinshasa à la suite de la recrudescence des cas d'enlèvements. D'après ce membre du gouvernement, ce n'est pas tout le monde qui peut se permettre de se lancer dans de telles pratiques d'autant plus que cette opération exige des infrastructures et des personnes qualifiées.
« Je voudrais ici rassurer que c'est une technologie très poussée pour arriver à faire la transplantation d'organes parce que même chez nous ici, on peut avoir des reins mais nous n'avons pas les reins de la même façon. Avant même d'arriver à faire un prélèvement d'organes, il y a une série d'examens. C'est très complexe et ici à Kinshasa, les laboratoires, la conservation pour le faire c'est très difficile. Non seulement ce n'est pas autorisé dans notre pays, mais techniquement, qu'on ne vous trompe pas, ce n'est pas moins de 6 à 12 heures parfois 20 heures. Ce n'est pas quelqu'un qu'on a Kidnappé à 6 heures et à 6 heures 30, il vous dit on m'a retiré un rein. Ce n'est pas possible. Soyez rassurés quant à ce, nous n'avons ni l'expertise ni le plateau technique pour arriver à faire ces transplantations aujourd'hui. Nous espérons les avoir avec l'avenir mais ça demande des années de formation », a-t-il indiqué au cours d'un briefing conjoint avec ses collègues de l'intérieur et de la communication et médias lundi 10 juillet 2023.
Dans le même ordre d’idées, le docteur Olen Serge indique que ces cas n'ont pas été signalés au niveau des différentes zones de santé de la ville province de Kinshasa. À l'en croire, une transplantation d'organes ou un trafic d'organes demandent une infrastructure et des gens expérimentés pour prélever les organes mais aussi de conditions de conservation et de transports.
« Il faut savoir que ces organes qui sont prélevés ont une durée de vie qui est très limitée. Par exemple, quand on retire un cœur, il ne peut survivre que 3 à 4 heures. Quand on retire un foie, il ne peut survivre en dehors du corps que 6 heures. Quand on retire un poumon, c'est 6 à 8 heures. Le rein, c'est un à 2 jours mais ça ne suffit pas. Pour retirer un organe, ce sont des chirurgiens et les équipes entraînées et ça ne prend pas moins de 12 heures. Et au moment où on retire l'organe, on doit le transplanter directement sinon ça ne sert à rien, ça ne va pas survivre », a-t-il ajouté.
Nous n'avons pas d'intérêt à cacher des crimes qui seraient en train d'être commis sur notre sol sinon nous serons complices
De son côté, Peter Kazadi, VPM et ministre de l’intérieur, sécurité et affaires coutumières, déclare que l'État ne peut pas être complice des crimes commis contre sa population.
« Au niveau des services, nous n'avons jamais rencontré un rapport quelconque qui confirme les cas des transplantations ou trafic d'organes. Nous n'avons jamais reçu un tel cas. Nous sommes à la recherche de cette information. Si cela se fait à Kinshasa ou ailleurs, que les victimes se manifestent pour que nous puissions attester », a dit Peter Kazadi.
Et de poursuivre :
« Ceux qui racontent, ils le disent peut-être pour le plaisir mais les services n'ont pas intérêt du tout à cacher des crimes qui seraient en train d'être commis sur notre sol sinon nous serons complices. Donc nous n'avons jamais enregistré un seul cas où on a emmené une personne amputée d'un organe du corps ».
La ville de Kinshasa fait depuis quelques semaines face à l'insécurité grandissante caractérisée par les cas d'enlèvements à six mois des élections générales et à quelques semaines de l'organisation des Jeux de la Francophonie prévus entre fin juillet et début août de l'année en cours. Selon certaines rumeurs, ces présumés bandits et Kidnappeurs profitent après leurs crimes pour se livrer au trafic d'organes humains. Face à ce phénomène, le gouvernement provincial de Kinshasa a, à l’issue d'une réunion du conseil provincial de la sécurité annoncé une série d’actions. Notamment, des patrouilles mixtes avec différents services de sécurité seront effectuées. Il y aura également des check-points pour traquer les inciviques.
Des dizaines de présumés auteurs de ces actes ont été présentés par la police dont 23 civils armés dont 6 jeunes femmes et 4 policiers. 3 voitures, 7 motos, 5 machettes, un fusil et des cagoules ont été saisis. Ils ont été déférés devant la justice dans une procédure de flagrance. Le tribunal de grande instance de la Gombe les a condamnés à la peine capitale, une seule prévenue a écopé de deux ans de prison dont un avec sursis.