Après l'affaire du scandale sexuel impliquant plusieurs de ses agents en RDC, la pression s'intensifie sur l'OMS. Cette institution des Nations-Unies est contrainte à apporter des réponses adéquates à cette situation de risque, au risque de perdre le soutien de certains bailleurs, dont l'UE.
Des révélations faites par l'agence de presse Reuters indiquent que la Commission de l’Union européenne (UE) a suspendu 20,7 millions d'euros de financement de cinq programmes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dont les opérations Ebola et covid-19 en RDC. Reuters cite une lettre officielle de l'UE en date du 7 octobre.
La Commission a évoqué ses inquiétudes quant à la gestion des actes d'abus sexuels impliquant des travailleurs de l'Organisation onusienne. « La Commission a temporairement suspendu les paiements, et s'abstiendra d'accorder de nouveaux financements liés aux activités humanitaires entreprises par l'OMS en République démocratique du Congo. Cette mesure n'affecte pas le financement de l'UE pour les opérations de l'OMS dans d'autres pays », a indiqué la note.
L'UE attend donc de ses partenaires qu'ils disposent de « garanties solides pour prévenir de tels incidents inacceptables, et pour agir de manière décisive dans de telles situations ».
L'OMS Congo dispose à cet effet d'un délai de 30 jours pour apporter des réponses quant au processus de recrutement, et la vérification des antécédents des présumés auteurs de ces actes répréhensibles. Il lui est également demandé de présenter un examen indépendant des responsabilités individuelles au sein de l'Organisation pour la négligence dans le traitement des allégations ainsi que les mesures prises par l'OMS pour s'assurer que ses travailleurs impliqués ne seront pas réembauchés par les Nations unies ou les groupes d'aide.
La Commission européenne statuera ensuite au bout de 30 jours supplémentaires sur la reprise des paiements ou la confirmation de la suspension pour une nouvelle période de 30 jours.
Pour rappel, 21 employés de l’OMS ont été accusés de harcèlement sexuel, à la suite d'un rapport publié en 2020 par The New Humanitarian et la Fondation Thomson Reuters. L'Institution a alors décidé de consacrer 6,5 millions d’euros à l’implémentation d’un système de détection, de sanctions et de prévention d’abus sexuels, dans le cadre des missions de ses agents.
Lors d’une conférence de presse à Genève à l’occasion de la publication du rapport d’une commission d’enquête indépendante, le Directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, avait promis de punir les coupables.
Les conclusions du rapport dénonçaient des « défaillances structurelles » et des « négligences individuelles ». Des dizaines de femmes se sont vu proposer du travail en échange de rapports sexuels ou ont été victimes de viol. La commission avait identifié 83 auteurs présumés, dont 21 étaient des employés de l’OMS.
Jordan MAYENIKINI