RDC : les tensions politiques entre les camps Tshisekedi et Kabila retardent le financement de près de 3 milliards $ de Ia Banque Mondiale (Jean-Christophe Carret)

Jean-Christophe Carret et Jean-Michel Sama Lukonde. Ph. Droits tiers.
PAR Deskeco - 28 mai 2021 12:04, Dans Actualités

Jean-Christophe Carret, directeur pays de la Banque Mondiale, au cours d'une interview accordée à Bloomberg et citée par l'Agence Ecofin, explique les conditions pour que la République démocratique du Congo puisse bénéficier d'une série de financements de la BM.

En effet, le gouvernement congolais a fait appel à la Banque Mondiale pour bénéficier de son assistance afin de faire face à la crise socio-économique dont elle fait face, traduite par une croissance économique à moins de 1% en 2020, une répercussion des effets néfastes de la Covid-19.

A en croire Jean-Christophe Carret, l’institution serait prête à accorder un financement de près de 3 milliards $ au pays, qui servira à faire face aux répercussions socio-économiques de la pandémie de covid-19. Celle-ci a contribué à faire chuter la croissance économique à 0,8% en 2020, d’après les chiffres de la Banque mondiale, alors que le bilan humain s’établit quant à lui, à plus de 31 000 personnes contaminées à ce jour pour au moins 780 morts. 

Toutefois, la mise à disposition de ces fonds n’est possible qu’à la condition que la RDC résolve certaines situations en cours. Il s’agit principalement des tensions politiques qui se traduisent par la lutte entre les partisans du président Félix Tshisekedi et de son prédécesseur Joseph Kabila pour le contrôle du pouvoir. Celles-ci constituent un frein à la mise en œuvre de nombreux changements dans la gestion des finances publiques, de la gouvernance et des entreprises publiques. Dans ce sens, Jean-Christophe Carret a indiqué que « l'histoire politique compliquée de ce pays n'a pas encore créé d'espace pour mettre en place les réformes ».

En outre, le représentant de la Banque mondiale a rappelé que l’enquête en cours pour la situation de détournement des fonds liés au secteur de l’éducation constituait un blocage à un nouvel investissement de l’institution dans l’initiative pour la gratuité de l’école congolaise. De plus, l’aboutissement des pourparlers entre le FMI et la RDC au sujet d’un programme de prêts est la principale condition à l’allocation par la Banque mondiale de 200 millions $ pour l’accompagnement financier du plus grand pays d’Afrique centrale.

Il faut préciser que la mise à disposition de ces fonds permettrait enfin à la RDC de relancer une économie asphyxiée notamment par des années de mauvaise gestion. En effet, avec une situation politique assez tendue et le ralentissement de l’économie en 2020, le pays traverse une crise socio-économique, avec plus de 73% de la population vivant en dessous du seuil de la pauvreté, selon une estimation de la Banque mondiale datant de 2018. Cette situation a été aggravée par la covid-19 et ses restrictions qui ont entravé le déroulement des activités économiques.

Tout compte fait, l'Agence Ecofin note que la Banque prévoit un soutien de 250 millions $ dans le but d’accélérer le processus de vaccination en RDC, essentiel pour la reprise effective dans tous les secteurs. Le 12 mai dernier, un accord de 500 millions $ avait été signé entre l’institution et la RDC via le ministère des Finances pour la modernisation des infrastructures dans les secteurs de l'énergie et de l'urbanisme, essentiellement en faveur de la ville de Kinshasa.

Image : Jean-Christophe Carret et Jean-Michel Sama Lukonde

Jordan MAYENIKINI

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